"[...] Les concertos pour orgue et orchestre de Georg Friedrich Händel comptent parmi les premiers du genre. Haendel découvrit l’échange entre tutti et solistes de la forme concertante pendant son séjour en Italie, en 1707–1709, où il rencontra Arcangelo Corelli, Alessandro et Domenico Scarlatti. Ce séjour explique pourquoi les concertos pour orgue de Händel sont plus dans la lignée du type concertant à quatre mouvements de Corelli que du modèle à trois mouvements de Vivaldi, plus répandu. Ils constituent, avec les concerti grossi, une part importante de son oeuvre. Ils sont rassemblés dans trois grands recueils:
– six concertos pour orgue et orchestre, op. 4 (Ière série)
– six concertos (IIème série); il s’agit en partie de transcription d’ouvrages
antérieurs, entre autres des concerti grossi op. 6
– six concertos op. 7 (IIIème série)
Il est aujourd’hui difficile de concevoir que Händel avait écrit ses concertos pour orgue pour son usage personnel, et qu’il les jouait comme musique d’introduction ou d’entracte lors des représentations de ses oratorios. De plus, il avait l’habitude d’improviser au pied levé, ce qui explique la notation parfois simplement schématique de la partie solo. Un de ses contemporains, le musicoloque anglais John Hawkins, raconte: «Son extraordinaire maîtrise de l’instrument, la grandeur et la noblesse de son style, la richesse de son imagination et l’abondance de ses idées reléguaient totalement dans l’ombre les talents inférieurs.»
À une seule exception près, les concertos pour orgue de Händel sont écrits pour le type d’instrument de son époque, à un seul clavier manual et sans pédalier indépendant; ils peuvent donc en principe être également exécutés au clavecin. Cette caractéristique apparaît aussi dans les éditions de l’époque, qui mettent parfois même le clavecin au premier plan. La partie solo est en général à deux voix, l’écriture est en majeure partie homophone. L’orchestre est en principe constitué de 2 hautbois, 2 violons, violon alto et basse.
Händel acheva son Concerto en fa majeur (HV 295) le 2 avril 1739. L’oeuvre fut vraisemblablement présentée en public pour la première fois deux jours plus tard, à l’occasion de la création de l’oratorio «Israël en Egypte» (HWV 54) au King’s Theatre, Haymarket. Le concerto fut remanié par son auteur et parut dans cette nouvelle version en 1761, sous le titre «Le Coucou et le rossignol». L’éditeur faisait allusion par là aux jolies imitations de voix d’oiseaux du deuxième mouvement. Pour le reste, la structure formelle de ce concerto correspond à celle de l’op. 4,5 (HV 293). [...]" cité des notes publiées dans le livret du CD Hänssler Classic 94.032.
Voir aussi les notes publiées au verso de la pochette du disque Handel Society HDL 3. Il faut toutefois souligner qu'elles reproduisent l'état des connaissances vers 1950.
D'après la discographie de Michael GRAY, Frank PELLEG et l'Orchestre de Radio Zurich placé sous la direction de Walter GOEHR enregistrèrent ces trois concertos de Händel - HWV 295, 296a et 304 - en 1951; ils furent publiés peu après sur ce disque de la Haydn Society HDL 3.
À noter que l'identité exacte de l'orchestre n'est pas claire. Dans les années 1950-1960, on retrouve cet Orchestre de Radio Zurich dans plusieurs enregistrements faits pour Concert Hall et labels associés: c'était l'époque pendant laquelle les diverses radios suisses avaient leurs propres orchestres, qu'elles devaient elles-mêmes financer. Celui de la Radio de Zurich fut dissout vers les années 1980, pour des raisons économiques comme pour beaucoup d'autres orchestres. Dans ces divers enregistrements, il n'est toutefois jamais clair s'il s'agit vraiment d'une formation propre à la Radio de Zurich, ou bien de l'Orchestre de Radio-Beromünster - qui était également basé à Zurich, malgré son nom de Beromünster.
Georg Friedrich Händel, Concerto no 13 en fa majeur, HWV 295, Frank Pelleg, Orchestre de Radio Zurich, Walter Goehr, 1951