Wolfgang Amadeus MOZART
Concerto pour violon et orchestre No 4, KV 218
Váša PŘÍHODA, violon
Orchestre Symphonique de la RAI de Turin
Ennio GERELLI
1957
Wolfgang Amadeus Mozart montra son intérét et son talent pour le violon alors qu’il n’était qu’un jeune enfant, et son pére Léopold l’encouragea alors à développer ce talent. Il composa ses cinq concertos pour violon, à Salzbourg, dans une explosion de créativité d’avril à décembre 1775 - à l'exception du premier datant de 1773. Lui-méme violoniste accompli et acclamé lors de ses apparitions en public sur cet instrument, il se prépara conscencieusement à la composition de ces oeuvres, faisant une étude de la littérature existante pour violon à la fois du point de vue de la composition et de l’interprétation. Le résultat fut une série de concertos d’un niveau technique inhabituel, possédant une fertilité et un degré d’invention comme seul un génie peut en produire.
Chacun des concertos se révéle non seulement étre tracé avec une habileté extréme mais il se trouve aussi, en général, en avance sur la production de ses contemporains. Tous les cinq sont structurés dans la forme en trois mouvements, et écrits pour son propre usage - peut-étre aussi celui d’Antonio Brunetti, alors premier violoniste et soliste de l’orchestre de la cour de Salzbourg. Ils furent donc écrits quand le violon était encore son instrument favori; bientôt le piano allait devenir son instrument préféré et s’il écrivit plus tard quelques mouvements assimilables à des concertos, il ne composa plus de concerto pour violon à proprement parler.
"[...] Les trois derniers des cinq concertos semblent indiscutablement former un ensemble. Plusieurs traits mènent à cette conclusion: leur composition à lieu successivement en septembre, octobre et décembre 1775; la tonalité est toujours différente, respectivement sol majeur, ré majeur et la majeur; la note tonique de ces trois tonalités correspond, dans l’ordre des graves aux aigus, aux trois premières cordes du violon; tous commencent par un mouvement comprenant des rythmes de marche; l’emploi, très rare dans l’oeuvre de Mozart en général, de la tonalité de la dominante et non de la sous-dominante pour les mouvements centraux, ici particuliérement lents; et enfin la présence dans le final de chacun de ces concertos d’un rondo de style pot-pourri incluant de nombreuses variantes de tempo et de nombreuses citations.
Par ce mélange habile de diversité et d’unité, ces trois oeuvres apparaissent comme essentiellement classiques; ce qui améne à la conclusion que Mozart ne les composa pas uniquement à son propre usage ou à celui des violonistes de la cour de Salzburg, mais qu’il entendait bien vendre ses manuscrits et les partitions publiées. Il était coutumier du temps de Mozart de publier les partitions en recueils de trois, six ou douze piéces. On peut donc très bien imaginer que Mozart composa ces trois concertos pour des concerts en quelque sorte promotionnels, dans l’objectif d’obtenir une position professionnelle plus avantageuse. [...]" cité des notes de Yasuhiko MORI, traduites par Didier BOYET, publiées en 1997 dans le livret du CD Denon CO-18021.
Le concerto pour violon No 4, KV 218, composé en octobre 1775, est attaché au nom de Luigi Boccherini (1735-1805): Mozart utilisa textuellement un thème du concerto pour violon en ré majeur de Boccherini, composé en 1768. Ce thème est exposé au début du second mouvement et on l’entend à nouveau, modifié rythmiquement, dans le dernier mouvement. Un autre thème encore, dans le rondo final, ressemble à une mélodie populaire de Strasbourg (voir un peu plus bas dans cette page).
"[...] Le premier mouvement est un Allegro à 4/4. II commence par une fanfare comme il se doit pour une tonalité aussi joyeuse. Après une ritournelle pleine d’idées colorées exprimées avec un extraordinaire abandon et parfois sur plusieurs mesures, le violon joue la mélodie de la fanfare dans les extrêmes aigus. La partie qui suit se termine apres un passage de trilles sur l’accord de cadence final de la ritournelle. Le soliste joue alors une demi-cadence sur une nouvelle idée musicale. La musique passe alors à la tonalité de la dominante. Un contre-sujet fait son apparition après un passage impressionnant de virtuosité. La première partie solo se termine après une exploration complète du registre des aigus. La deuxième partie solo survient comme émergeant de la deuxième ritournelle. La tonalité de si mineur relative joue alors un rôle central. La musique passe à la récapitulation en ré majeur selon une modulation traditionnelle dans laquelle le violon joue la dominante et l’orchestre une phrase transitoire. Mozart fait appel alors à un dispositif tout à fait inattendu et imprévisible. Le thème très particulier basé sur la mélodie de la fanfare d’ouverture n’est pas repris comme on aurait pu s’y attendre et c’est l’idée musicale ayant servi de base à la demi-cadence qui est utilisée.
Le deuxième mouvement Andante cantabile baigne dans une atmosphére de pastorale. En raison de la position des accents dans les mesures paires du premier thème, les mesures impaires donnent une impression équivalente à celle de temps faibles. Comme dans le concerto précédent, il est difficile pour l’auditeur de repérer le point central des phrases musicales. Cet Andante en la majeur assez lent et brillamment coloré appartient à un genre souvent utilisé à l’époque dans les duos et les airs d’opéra. De maniére inhabituelle, le soliste se retrouve au premier plan après la cadence et le mouvement se termine doucement.
Par comparaison avec le premier mouvement à 4/4 et le deuxième mouvement à 3/4, le finale commence tout à fait normalement à 2/4. Pourtant, au moment même ou l’auditeur commence à trouver le tempo un peu lent pour un concerto, la musique passe à un énergique Allegro ma non troppo à 6/8. Ce rondo est constitué d’une musique jouée dans deux tempos différents, les thèmes servant de thème de rondo dans l’Andante et dans l’Allegro. Le thème sur la dominante apparaît dans l’Allegro alors que, comme pour citer le premier mouvement, le deuxième Allegro passe à la sous-dominante après un passage très virtuose dans la relative mineure. Le tempo change alors et passe à Andante grazioso à 2/2 pour marquer le début de l’épisode central, aux sonorités familières. Une théorie maintenant abandonnée attribuait cette mélodie à celle de la chanson folklorique strasbourgeoise à laquelle Mozart fait allusion dans ses lettres à son pére. La musique alterne entre une mélodie à la manière d’une chanson populaire et des passages du type musette avec de longues notes tenues sur les cordes vides du violon. Comme dans l’oeuvre précédente, la musique se termine en disparaissant progressivement, comme pour parer toute remise en cause par l’auditeur. [...]" cité des notes de Yasuhiko MORI référenciées plus haut dans cette page.
Dans l'interprétation qui en est proposée sur cette page, le soliste est Váša PŘÍHODA, il est accompagné par l'Orchestre Symphonique de la RAI de Turin dirigé par Ennio GERELLI - une prise de son de la «Radio Audizioni Italiane (RAI)» de Turin datant de 1957.