Les suites de „Chout“ et du „Pas d'acier“ - Op. 21a resp. 41a - proviennent de ballets que Sergei Prokofjew composa, pendant les années passées à l'Ouest, à l'instigation de Serge Diaguilew et qui étaient destinées à être jouées par les Ballets Russes à Paris, Londres et ailleurs.
Pour leur premier projet, Prokofjew et Diaguilew choisirent „Chout“ dans un recueil de contes populaires russes, et Diaghilew demanda au compositeur de composer de la musique qui soit véritablement russe. Prokofiew, qui n’était pas un compositeur de musique populaire, avoua ne pas se souvenir d’une seule note de chansons villageoises, mais parvint à se rappeler quelques thèmes dans un idiome nationaliste pouvant s’adapter au conte.
Les six scènes du conte dont fut tirée la suite complète, Op. 21a, concernent un paysan astucieux et farceur, le Bouffon („Chout“ en russe), qui vend à sept de ses copains villageois un fouet magique avec lequel il déclare avoir ressuscité sa femme “morte” (No 1 et 2). Les sept autres tuent leurs épouses, mais découvrent que le fouet laisse quelque peu à désirer en ce qui concerne les prodiges (3). Pour échapper à leur colère, le Bouffon se déguise sous les traits de sa soeur (4), et les autres l’engagent comme cuisinière. Après un entracte (5), leurs sept filles se présentent (6), mais un riche marchand à la recherche d’une épouse les dédaigne toutes (7).
Au lieu de cela, le choix du marchand se porte sur la cuisinière, qu’on conduit dans sa chambre (8), mais “elle” feint d’être malade et se sauve, puis revêt une vieille chèvre des vêtements de la cuisinière. Furieux d’avoir été dupé (9), le marchand tue la chèvre. Après un autre entracte et l’enterrement de la chèvre (10), le Bouffon revient sous son apparence d’origine en compagnie de sept soldats; il exige (et obtient) des dédommagements de la part du marchand pour la mort de sa “soeur” (11). Dans la danse finale (12) il fait la fête avec sa femme, tandis qu’on fiance les sept soldats aux sept jeunes filles.
Prokofiew dirigea la première représentation du ballet à Paris, le 17 mai 1921, puis à Londres le mois suivant. Bien que le ballet ait été généralement bien accueilli en tant que nouveauté exotique russe, la chorégraphie conçue par Mikhail Larionov, décorateur du ballet, en collaboration avec Tadeusz Slavinsky qui dansait le rôle du Bouffon, n’avait pas assez de puissance pour que le ballet subsiste dans le répertoire. Toutefois, la suite instrumentale démontre, dans les couleurs vives et clairement définies de la texture orchestrale, l’utilisation divertissante que faisait Prokofiew d’accents en contretemps et de rythmes croisés pour varier le caractère “folklorique”.
L'interprétation de la Suite du ballet en 6 tableaux „Le chout“ («Skaska pro schuta»), Op. 21a, de Sergei PROKOFJEW proposée sur cette page date de 1970. L'Orchestre Symphonique de la Radio de Cologne était placé sous la direction de Gabriele FERRO - alors encore au début de sa carrière internationale, après avoir remporté peu auparavant le concours des jeunes chefs d'orchestre de la RAI:
 
1. (No 1) Le Bouffon et sa Boufonne 03:27 (-> 03:27)  
2. (No 2) Danse des Bouffons 03:55 (-> 07:22)  
3. (No 4) Le Bouffon travesti en jeune femme 04:22 (-> 11:44)  
4. (No 6) Danse des filles des Bouffons 02:50 (-> 14:34)  
5. (No 8) Dans la chambre à coucher du marchand 02:46 (-> 17:21)  
6. (No 9) La jeune femme est devenue chèvre 03:00 (-> 20:21)  
7. (No 10) 5e Entr'acte et l'enterrement de la chèvre 02:57 (-> 23:18)  
8. (No 11) La querelle du Bouffon avec le marchand 01:38 (-> 24:56)  
9. (No 12) Danse finale 04:00 (-> 28:56)