Giuseppe TARTINI
Sonate pour violon en sol mineur (Sonate des trilles
du Diable), GT 2.g05, arr. Henri VIEUXTEMPS
Váša PŘÍHODA, violon, „Trio d’Archi di Torino della RAI“
1956
La sonate pour violon en sol mineur, GT 2.g05, surnommée «des trilles du diable», de Giuseppe TARTINI (1692–1770) fut longtemps sa seule oeuvre à être universellement connue. Elle ne fut toutefois pas publiée intégralement de son vivant, mais ne parut qu'en 1798 à Paris, dans „L’art du violon“ de J.B. Cartier. Ce dernier déclara qu’elle était „très rare“, et qu’il l’avait acquise par l’intermédiaire de Pierre Baillot - qui avait fait ses études à Rome auprès d’un élève du disciple favori de Tartini, Pietro Nardini.
"[...] D’après Cartier, Tartini aurait vu le Diable jouer au pied de son lit les trilles qui figurent dans le dernier mouvement de la sonate, et J.G. de Lalande rapporte dans „Voyage d’un françois en Italie“ (Paris, 1769) le récit que fit Tartini des circonstances censées avoir précédé sa composition:
„Une nuit, en 1713, je rêvai que j’avais fait un pacte et que le Diable était à mon service. Tout réussissait au gré de mes désirs et mes volontés étaient toujours prévenues par mon nouveau domestique. J’imaginai de lui donner mon violon, pour voir s’il parviendrait à me jouer quelques beaux airs. Quel fut mon étonnement lorsque j’entendis une sonate si singulièrement belle, exécutée avec tant de supériorité et d’intelligence que je n’avais même rien conçu qui pût lui être comparé. J’éprouvai tant de surprise, de ravissement et de plaisir que j’en perdis la respiration. Je fus réveillé par cette violente sensation. Je pris à l’instant mon violon dans l’espoir de retrouver une partie de ce que je venais d’entendre; ce fut en vain. La pièce que je composai alors est, à la vérité, la meilleure que j’aie jamais faite et je l’appelle encore la Sonate du Diable; mais elle est tellement au-dessous de celle qui m’avait si fortement ému que j’eusse brisé mon violon et abandonné pour toujours la musique s’il m’eût été possible de me priver des jouissances qu’elle me procure.“
Lalande ajoute que Tartini composa l’oeuvre en 1713, ce qui est impossible étant donné le style de la musique; elle date probablement de la fin des années 1740 au plus tard. Le trille figure dans l’Allegro assai énergique qui interrompt à maintes reprises un tranquille Andante—représentant, on suppose, le compositeur endormi. [...]" cité des notes de Peter Holman publiées en 1992 dans le livret du CD Hyperion CDA66430 (dans une traduction de Martine Erussard et Elisabeth Rhodes).
Les trois mouvements de la sonate sont dans une séquence particulière “inventée“ par Tartini: lent - rapide - rapide.
Le mouvement lent ouvrant l'oeuvre est un siciliano langoureux, typique des années 1730.
Il est suivi d'un mouvement modérément rapide, avec un puissant thème à trois sons et des passages en doubles croches qui s'écoulent en douceur. Ce mouvement n'a encore rien de diabolique.
Ce n'est que dans le final que l'on trouve la «musica del diavolo». Il s'agit d'un allegro assai furieux au rythme dansant d'une bourrée, précédé d'une courte introduction lente qui revient plusieurs fois. Cette forme est déjà si inhabituelle qu'on pense à un programme caché: l'introduction du Grave semble représenter le dormeur qui est surpris par la vision du diable dans l'allegro qui survient soudainement. Il replonge à plusieurs reprises dans un sommeil sans rêve, pour être à nouveau réveillé en sursaut par les sons diaboliques.
Dans les sections de l'allegro se trouvent les trilles que les générations ultérieures ont déclaré être les «trilles du diable»: le violoniste doit jouer une mélodie sous la trille, les deux éléments s'élevant de degré en degré dans les aigus. Dans les années 1730, cet effet était si nouveau qu'on lui a attribué l'anecdote de la vision du diable. Elle ne fut certes attestée qu'en 1798 à Paris, lorsque le Français Jean-Baptiste Cartier publia la sonate dans son recueil „L’art du violon“ et l'intitula „La trille du diable“.
Après sa première publication, au fil du temps, l'oeuvre fit l'objet de nombreuses réécritures et adaptations. Ainsi, outre quelques éditions historiques comme celle de Joseph Joachim, il existe des adaptations pour violon solo et piano et des versions très remaniées, notamment par Jenő Hubay, ainsi que des versions plus étoffées, par exemple une version pour violon solo, orchestre à cordes et orgue de Fritz Kreisler et une pour violon et trio de cordes d'Henri Vieuxtemps.
Dans l'interprétation de la Sonate pour violon en sol mineur (Sonate des trilles du Diable), GT 2.g05, de Giuseppe TARTINI, proposée ici dans l'arrangement d'Henri VIEUXTEMPS, Váša PŘÍHODA est accompagné par un trio nommé «Trio d’Archi di Torino della RAI», sans plus de précisions sur la composition de ce petit ensemble:
1. Larghetto affettuoso 03:31 (-> 03:31)
2. Tempo giusto 02:45 (-> 06:16)
3. Largo - Allegro assai 08:16 (-> 14:32)