Henri Vieutemps écrivit son quatrième concerto pour violon à la fin des années 1840, alors qu’il était violoniste à la cour de Saint-Pétersbourg (il y a fondé l'école de violon du Conservatoire de Saint-Pétersbourg). Ce concerto est l'une des compositions les plus significatives du répertoire pour violon. Le compositeur rejette la structure classique traditionnelle, avec une composition en quatre mouvements et non trois. En fait les 1er et 2e mouvements sont enchaînés ce qui donne à nouveau l'impression d'un concerto en trois mouvements. L'oeuvre est en outre plus qu'un simple concerto, Berlioz la décrivait comme une symphonie avec violon solo, songeant certainement à son propre „Harold en Italie“ pour alto et orchestre.
Une courte description de l'oeuvre, citée de la traduction Hyperion d'un texte de Calum MACDONALD publié en 2010 dans le livret du CD Hyperion CDA67798:
"[...] Le premier mouvement Andante démarre paisiblement, presque mystiquement, à la manière d’un choral. Ce n’est que le début d’une vaste introduction très expressive, qui prend subrepticement de la vitesse, voit son orchestration s’étoffer et se fait un instant turbulente, tempétueuse pour mieux s’apaiser en un rythme de marche solennel et en une tourbillonnante figure d’ostinato aux cordes, évocatrice de gros nuages. Puis le soliste entre enfin [...] et se lance, avec l’appui de l’orchestre, dans une volubile et théâtrale récrimination. Un lyrique thème contrastif, Moderato, vient compléter le matériel de ce premier mouvement avant que le soliste ne parte dans une cadenza passionnée, avec de redoutables triples et quadruples cordes.
Un passage cadentiel bref et bravache s’évanouit sur une longue note de cor faisant le lien avec le deuxième mouvement, Adagio religioso, qui s’ouvre [...] aussi à la manière d'un choral, joué par les bois, que [...] la première entrée du violon s’attache surtout à orner et à développer dans une veine chaleureuse. Ardeur et virtuosité ne sont cependant pas loin et, l’espace d’un instant, le mouvement vire au drame. Quand les passions s’estompent, on découvre le violon dans un chaste duo avec une harpe, occupé à revisiter les piétés de l’ouverture du mouvement et s’élevant jusqu’à un bref pinacle extatique avant la conclusion. [...]"
Le troisième mouvement est un "[...] scherzo (en ré mineur, bâti sur le thème violonistique liminaire, avec un espiègle rythme dactylique) et trio (en ré majeur). Dans le scherzo, les habiles phrases plongeantes forment l’épine dorsale d’un remarquable morceau de virtuosité pyrotechnique. Le trio central est, lui, davantage rustique, avec ses bourdons de quinte à l’orchestre, ses tierces et ses sixtes façon cor de chasse, dans la partie solo, reprises ensuite et imitées par les cors eux-mêmes. Passé la reprise du scherzo, une scintillante coda clôt ce brillant mouvement.
Le dernier mouvement Finale marziale commence par laisser l’orchestre passer en revue le premier mouvement, octroyant au soliste une pause fort bienvenue — prolongée quand l’orchestre entreprend le festif air de marche, point central du mouvement. Le soliste entre de nouveau, qui reprend bientôt l’air de marche mais d’une manière plus bonhomme, tout sauf militaire. De terrifiantes fusillades de triples cordes et de trilles ponctuent les résurgences de la marche et, vers la fin, le violon se livre à des prodiges de bravoure toujours plus époustouflants, sans dételer jusqu’aux dernières mesures. [...]".
Dans l'interprétation qui en est proposée sur cette page, le soliste est Váša PŘÍHODA, il est accompagné par l'Orchestre Symphonique de la Radio de Cologne dirigé par Franz MARSZALEK, une prise de son datant du 3 juin 1954. L'enregistrement dont je dispose est sans le 3e mouvement (Scherzo): je n'ai pas pu en trouver la raison. Les premier et second mouvements sont joués enchaînés: