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Max BRUCH
Sérénade pour cordes sur des mélodies suédoises (1916)
Orchestre de chambre de la Sarre
Karl RISTENPART

Traduit des notes publiées en 2015 par Wolfgang EGGERKING dans la préface de l'édition mph Musikproduktion Hoeflich:

«« Le pouvoir créatif d'un compositeur diminue-t-il avec l'âge? Max Bruch est souvent cité en exemple. Au moment de l'achèvement de la Sérénade pour cordes (nous évitons ici sciemment le terme «composition»), environ un demi-siècle après avoir commencé son célèbre Concerto pour violon en sol mineur, il avait déjà atteint l'âge avancé de 78 ans. Atteint par la maladie, loin d'être épargné par les problèmes financiers et frustré par le fait que le cours de la musique l'avait dépassé de son vivant, le reléguant plus ou moins à l'écart, Bruch observait le monde qui l'entourait non seulement d'un oeil critique, mais aussi avec une certaine amertume. Dans une interview, il admettait que lorsque, dans quelques années, on parlerait des grands compositeurs, le nom de Brahms serait à juste titre mentionné, mais pas le sien.

Bruch n'était pourtant pas prêt à se retirer de la composition. Même dans ses dernières années, il a encore produit de nombreuses oeuvres, et peut-être même plus que le nombre qui nous est parvenu, car certains manuscrits ont été perdus ou attendent encore d'être redécouverts dans les archives. Dans les oeuvres tardives qui nous sont parvenues, Bruch a toutefois tendance à s'appuyer sur un matériau musical plus ancien, de sorte que certaines représentent davantage un réarrangement qu'une nouvelle création. C'est le cas de la Sérénade pour cordes.

La prédilection de Bruch pour les mélodies simples et sans prétention se retrouve dans son utilisation des chansons populaires, qu'il étudiait et adaptait volontiers pour ses oeuvres. Le recueil de neuf chansons et danses d'après des mélodies russes et suédoises pour violon et piano (op. 79), publié en 1903 par le Simrock Verlag, en est un excellent exemple. Simrock avait déjà publié les 16 Danses suédoises (op.63) de Bruch quelques années auparavant pour la même instrumentation. Des ventes florissantes permirent à Bruch d'écrire immédiatement une orchestration pour les Danses suédoises et, sur la base de l'op. 79, il décida de composer deux suites orchestrales de cinq mouvements pour grand orchestre. Cette fois, il ne s'agissait pas d'une simple instrumentation, mais d'une révision plus complète, qui incluait également de nouveaux matériaux musicaux.

Alors que la première suite reprenait des éléments de chants russes, la seconde était basée sur des chants suédois. Bruch acheva les deux suites entre 1904 et 1906, mais seule la première fut publiée, paraissant chez Simrock sous le titre de Suite d'après des mélodies populaires russes (op. 79b). La deuxième suite fut donnée en première audition le 10 mars 1906 à Barmen, mais on en perd la trace peu après. Son manuscrit fut confié par les descendants de Bruch à l'éditeur Rudolf Eichmann au début de la Seconde Guerre mondiale et est apparu pour la première fois chez Eichmann en 1956 dans une édition intitulée «Nordland Suite», qui est probablement basée sur cette partition manuscrite. Le manuscrit original n'a pas réapparu à ce jour.

Néanmoins, Bruch devait encore être en possession du manuscrit de la suite en 1916, car c'est cette oeuvre qui a manifestement servi de modèle à la Sérénade pour cordes. Le manuscrit de la Sérénade est lui aussi aujourd'hui perdu, il faisait probablement partie des manuscrits remis par les descendants de Bruch à Eichmann. Heureusement, une version de l'oeuvre réalisée par un copiste et des parties de cordes partiellement écrites par Bruch lui-même ont été retrouvées sur son dernier lieu de travail avant la retraite, la „Hochschule für Musik“ de Berlin. Malheureusement, on ne sait rien de l'occasion pour laquelle la Sérénade pour cordes fut écrite. Cependant, en comparant la version du copiste avec l'édition publiée de la «Suite Nordland», nous pouvons voir comment Bruch a procédé à son remaniement.

Les quatre derniers mouvements de la Suite furent repris dans la Sérénade. La Marche, qui ne figurait à l'origine qu'à la fin de la pièce, apparaît également, sous une forme légèrement modifiée, en tant que premier mouvement de la Sérénade, conformément à la tradition de la Sérénade en matière de musique de procession et de récession. Elle s'inspire de la Marche du couronnement de Charles XII (vers 1700).

La forme des autres mouvements a été resserrée par l'exclusion des répétitions et des sections introductives. Les deuxième et quatrième mouvements ont pour thème deux chansons d'amour, tandis que le troisième mouvement s'inspire d'une danse dalécarlienne (Dalecarlia/Dalarna, province historique du centre de la Suède). En outre, l'instrumentation a bien sûr dû être modifiée, le grand orchestre étant remplacé par un petit ensemble de cordes.

Même si Bruch n'a plus la même imagination que dans ses premières années, on reconnaît dans cet arrangement le compositeur chevronné à l'oeuvre. Il transforme le son riche de l'orchestre complet en celui plus intime de l'ensemble à cordes avec une grande subtilité, presque comme si l'oeuvre n'avait jamais été conçue pour un cadre différent.

La Sérénade pour cordes fut publiée pour la première fois sous cette forme en 1997 (Edition Kunzelmann). Bien qu'aucun enregistrement des compositions antérieures à l'origine de la Sérénade ne soit actuellement disponible, la Sérénade elle-même fut enregistrée à plusieurs reprises depuis lors. Espérons que cette édition contribuera à éveiller l'intérêt pour la musique de Bruch au-delà de son premier concerto pour violon. »»

Dans cet enregistrement (que je n'ai pas encore pu dater, mais qui est évidemment antérieur à 1967) de la Sérénade pour cordes sur des mélodies suédoises (1916), WoO (Op. Posth.), de Max BRUCH, Karl RISTENPART dirige son Orchestre de Chambre de la Sarre:

   1. Marsch - Allegro moderato        02:17 (-> 02:17)
   2. Andante                          06:22 (-> 08:39)
   3. Allegro                          02:50 (-> 11:29)
   4. Andante sostenuto                05:35 (-> 17:04)
   5. Marsch - Allegro moderato        01:02 (-> 18:06)

Provenance: Radiodiffusion

Vous pouvez obtenir cet enregistrement

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En écoute comme fichier mp3 320 kbps:

1. Marsch - Allegro moderato


2. Andante


3. Allegro


4. Andante sostenuto


5. Marsch - Allegro moderato





Karl Ristenpart, photo de presse Saarlouis
Karl Ristenpart, photo de presse Saarlouis, photographe et date inconnus
Georg-Friedrich Hendel, violon solo de l'Orchestre de Chambre de la Sarre de 1954 à 1970
Georg-Friedrich Hendel, violon solo de l'Orchestre de Chambre
de la Sarre de 1954 à 1970, photographe et date inconnus