Joseph HAYDN
Symphonie No 82 en do majeur, „L'Ours“
Orchestre philharmonique de la Radiodiffusion-Télévision Française
Manuel ROSENTHAL
15 décembre 1958
Les symphonies No 82 à 87 furent composées entre 1785 et 1786, elles font partie du 12e groupe nommé „Les Symphonies Parisiennes“ dans la chronologie établie en 1990 par James WEBSTER:
Elles doivent cette dénomination à leur commanditaire, Claude-François-Marie Rigoley, Comte d’Ogny (1757-1790), à cette époque l'une des figures-clés du „Concert de la Loge olympique“ à Paris, une loge maçonique, dont l’orchestre comprenait aussi bien des professionnels que des amateurs. Les effectifs de cette formation étaient plus importants que ceux dont Haydn disposait lorsqu’il composait pour son employeur habituel, le prince Esterházy: pour cette commande, il pouvait enfin composer pour un grand orchestre (selon les critères de l'époque).
En plus, le compositeur recevait vingt-cinq louis d'or pour chacune des symphonies, auxquels s'ajoutaient cinq louis d'or pour les droits de publication - «ce qui parut à Haydn un prix colossal, car jusqu'alors ses symphonies ne lui avaient rien rapporté»: ces détails furent publiés près d'un siècle plus tard par Hippolyte Barbedette dans le cahier du 24 décembre 1871, page 27(voir la note (1) au bas de la page référenciée) de „Le Ménestrel“ (dans la 2e des quatre parties de sa série sur „Haydn, sa vie & ses oeuvres"). Selon Gérard Gefen, „Les Musiciens et la Franc-maçonnerie“, Paris, 1993, p.77, ces honoraires étaient cinq fois supérieurs à ceux que le Concert versait généralement pour une symphonie: Joseph Haydn était à Paris déjà très célèbre et très populaire.
Joseph Haydn composa le cycle des Symphonies „Parisiennes“ en 1785-86, à Eisenstadt et au château d'Esterhaza, la résidence d'été de son maître. Quant aux premières auditions publiques dans la capitale française, elles ont sans doute eut lieu au cours de la saison 1787, car dans son cahier du 26 janvier 1788, page 192, le Mercure de France publia un avis d’Imbault, annonçant la mise en vente des six nouvelles oeuvres: les organisateurs du „Concert de la Loge olympique“ s'occupaient également de l'édition des oeuvres commandées. C’est ainsi que fut édité chez Imbault un recueil de symphonies de Haydn sous le titre „Du répertoire de la Loge olympique, six sinfonies à divers instruments… oeuvre 51, gravé d’après les partitions originales, appartenant à la Loge olympique“. C’est semble-t-il cet éditeur qui a donné leurs surnoms à trois de ces symphonies, La Reine et les deux allusions animales, La Poule et L’Ours.
La symphonie no 82 en do majeur (ut majeur) fut composée pour 1 flûte, 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors en ut alto ou 2 trompettes (dans les premier, troisième et dernier mouvements), 2 cors en fa (deuxième mouvement), timbales et cordes. C’est son puissant Finale avec sa mélodie obstinée soutenue par une vigoureuse basse de musette, qui a valu à cette oeuvre son titre „L’Ours“, ce premier thème caractéristique suggérant la danse un peu pataude d’un ours.
Une courte description citée des notes de Howard Chandler ROBBINS LANDON, traduction de Dennis COLLINS, publiées en 1994 dans la brochure du CD SK 66295 de Sony / Vivarte:
"[...] La symphonie est en ut majeur, dont on sait que c’est la tonalité «de fête» de Haydn; il utilise des cors aigus en ut alto, des trompettes et des timbales, ainsi que les bois et cordes habituels. Dans ce cas précis, Haydn, craignant peut-être que les Français ne disposent pas de tels instruments, note que des trompettes peuvent se substituer aux cors.
Le premier mouvement (Vivace assai) est d’une puissance immense, avec des fanfares tonitruantes et, ensuite, ces cordes dansantes en doubles croches si caractéristiques de Haydn. Le deuxième thème est une mélodie gracieuse qui forme un joli contraste avec l’élan et la puissance du thème initial. Une coda brillante s’appuie sur le thème principal.
Le deuxième mouvement (Allegretto) est dominé par le genre de mélodie qu’on s’imagine avoir connu toute sa vie. Haydn y alterne avec bonheur le mode majeur et mineur.
Le Menuet est un mouvement cérémonieux, superbement construit, qui semble, comme beaucoup des menuets de ces symphonies, être une sorte de compliment au goût français.
Le Finale (Vivace) revient à la puissance du premier mouvement; la section de développement, en particulier, suscite une immense impulsion vers l’avant, et la coda est une brillante conclusion pour cette symphonie extrêmement masculine.
[...]"
➣ Joseph Haydn, Symphonie no. 82
➣ Niccolo Paganini, Concerto pour violon No 2, op. 7
➣ Joseph Haydn, Symphonie no. 85
➣ Nikolai Rimski-Korsakow, Suite de la Nuit de Noël
Joseph Haydn, Symphonie No 82 en do majeur, „L'Ours“, Orchestre philharmonique de la Radiodiffusion-Télévision Française, Manuel Rosenthal, 15 décembre 1958