Robert SCHUMANN
Fantaisie pour violon et orchestre en ut majeur, op. 131
Aida STUCKI
Orchestre Pro Musica de Stuttgart
Rolf RHEINHARDT
1er mai 1952, Pathé-Vox PL 7680
La Fantaisie en do majeur pour violon, op. 131, de Robert Schumann est une oeuvre relativement peu connue, encore plus négligée que son Concerto pour violon. C’est en mai 1853 que le couple Schumann fit la connaissance du jeune violoniste Joseph Joachim qui vint jouer le concerto de Beethoven dans le cadre de la trente-et-unième fête musicale du Bas-Rhin à Düsseldorf. Peu après - en juin -, Joseph Joachim écrivait à Robert Schumann en lui envoyant une partition du concerto de Beethoven en guise de présent: « J’espère que l’exemple de Beethoven pourra vous inciter à vous occuper des pauvres violonistes qui (…) manquent tellement de pièces sublimes pour leur instrument, et que vous pourrez tirer à la lumière, du plus profond de votre être où sont conservés des trésors inimaginables, une oeuvre pour violon ».
Répondant à ce désir, Schumann composa cette Fantaisie pendant les premiers jours de septembre 1853 et envoya la partition manuscrite à Joachim avec les lignes suivantes: « Pendant que je travaillais, je pensais souvent à vous... Voulez-vous me dire si vous y trouvez des passages vraiment trop ardus. J'aurai besoin du manuscrit quand vous l'aurez étudié: la cadence me semble trop courte, j'ai l'intention de la remplacer par une autre mieux appropriée »
Robert Schumann dédia son oeuvre bien entendu à Joseph Joachim, qui en donna la première audition le 27 octobre de la même année à Düsseldorf: ce fut le dernier concert que le compositeur dirigea dans cette ville.
Citées des notes publiées au verso de la pochette du disque Pathé-VOX PL 7680, quelques lignes de Nicholas MILROY: "[...] La Fantaisie [...] ne manque pas d'intérêt. Les thèmes sont groupés avec recherche. Cette Fantaisie est spécialement conçue pour un maître du violon et l'orchestre qui accompagne le soliste comme l'a dit le compositeur lui-même «n'a qu'une importance relative».
Les trois motifs principaux apparaissent déjà dans l'introduction. Après un développement considérable, ils sont habilement associés pour aboutir à une brillante conclusion. [...]".
Quelques précisions d'Angèle LEROY citées de ce programme de concert publié sur le site de l'Orchestre de Paris: "[...] la Fantaisie (un titre très schumannien…) exprime à l’égard de la tradition concertante un point de vue romantique: elle s’inscrit dans la lignée des Konzertstücke, des rhapsodies ou des formes en une coulée qui dédaignent l’architecture «classique» en trois mouvements à laquelle sacrifie son jumeau le Concerto en ré.
Ici, une section introductive, dans un tempo retenu, mène au corps de la fantaisie, avec ses deux thèmes et son développement, tout en rappelant la mélodie du début. Comme la majeure partie de la musique écrite par Schumann à cette époque, elle souffrit assez rapidement après la mort du compositeur d’un désamour général qui tendait à interpréter ces oeuvres comme les productions affaiblies d’un cerveau malade.
Eduard Hanslick, éminent critique viennois, parla ainsi en 1861 à son propos «d’un abîme profond par-dessus lequel deux grands artistes joignent leurs mains», ajoutant: «Sombre, obstinée, cette fantaisie aux airs de martyr lutte tout du long, dépendant d’une figuration continuelle pour rattraper sa pauvreté mélodique.» Bien que réservé à l’égard de ces oeuvres tardives, Brahms s’en montrera pourtant héritier, à l’occasion, dans sa propre musique concertante, notamment en ce qui concerne l’intégration musicale de la virtuosité: il n’y a pas que du crépuscule dans cette musique, loin de là. [...]"
Un manuscrit de la Fantaisie peut être visualisé sur cette page du site Gallica de la Bibliothèque Nationale de France.
Le 1er mai 1952, Rolf REINHARDT enregistra cette oeuvre pour Pathé-Vox avec l'Orchestre Pro Musica de Stuttgart et Aida STUCKI au violon.
Aida STUCKI, un portrait fait le 3 décembre 1964 par Photo Baumann Winterthur
L'enregistrement fut publié sur ce disque Pathé-Vox PL 7680, avec deux autres oeuvres de Schumann (l'Introduction et Allegro de concert, op. 134 et le concerto pour violoncelle et orchestre op. 129).
En ce qui concerne cet Orchestre Pro Musica de Stuttgart, il n'est pas clair s'il pourrait d'agir d'une 'pré-formation' de l'orchestre qui porte aujourd'hui ce nom - Orchestre PRO MUSICA Stuttgart - étant donné que dans les années 1952 à 1960 ce dernier portait un autre nom - "Andreae-Orchester", nommé d'après l'église Andreae de Bad Cannstatt. À partir de 1965 cet orchestre prend le nom de "Pro Musica Bad Cannstatt", puis vers 1971 son nom actuel. Cet Orchestre Philarmonique "Pro Musica" de Stuttgart - que l'on retrouve dans plusieurs autres enregistrements de cette époque - pourrait toutefois aussi avoir été formé pour l'occasion, peut-être avec des musiciens de l'Orchestre de la Radio de Stuttgart? Selon certaines sources, il pourait s'agir d'un ensemble formé de musiciens de l'actuel Stuttgarter Philharmoniker, dont l'origine remonte à 1924, mais qui fut quasiment entièrement reformé après la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Voici donc...
Robert Schumann, Fantaisie pour violon et orchestre en ut majeur, op. 131, Aida STUCKI, Orchestre Pro Musica de Stuttgart, Rolf Rheinhardt, 1er mai 1952 (Moderato semplice ma espressivo – Allegro marcato – Molto tranquillo – Tempo primo – Cadenza – Molto tranquillo 16:15)