Robert SCHUMANN
Ouverture de concert „Julius Cäsar“, Op. 128
Grand Orchestre de la Südwestfunk, Hans ROSBAUD
18 décembre 1962
Studio 5 de la Südwestfunk, Baden-Baden
Le 23 janvier 1851, comme en témoigne la lapidaire inscription „Julius Cäsar“ dans son «Haushaltbuch» (Journal de bord), Robert SCHUMANN commença de composer cette ouverture pour la tragédie homonyme de William Shakespeare. Son instrumentation fut commencée le 27 janvier et terminée vers le 2 février. Clara Schumann commenta dans son propre journal: "[...] Robert arbeitet unaufhaltsam fort... Die Idee, zu mehreren der schönsten Trauerspiele Ouvertüren zu schreiben, hat ihn so begeistert, dass sein Genius wieder von Musik übersprudelt" [...]".
La première de l'ouverture fut donnée le 3 août 1852 à Düsseldorf, sous la direction du compositeur dans le cadre d'un «Männergesangsfest» (fête de choeur d'hommes). Elle n'eut guère de succès; seul le jeune beau-frère de Schumann, Woldemar Bargiel, demi-frère de son épouse Clara, qui était alors en visite à Düsseldorf, fut impressionné.
Le 10 septembre 1853, en réponse à une demande de son éditeur Henry Litolff après de nouvelles oeuvres, Schumann proposa, entre autres, cette ouverture. Elle ne parut toutefois qu'en décembre 1854, alors que Schumann était déjà à Endenich, sous la forme d'une réduction pour piano à deux mains et d'un arrangement à quatre mains fait par Woldemar Bargiel, - que Schumann avait lui-même commandé lors de la visite de Bargiel à Düsseldorf et qu'il avait probablement revu à l'époque ou plus tard.
L'ouverture de concert „Julius Cäsar“ - qui, d'après la note de Clara Schumann dans son journal et la correspondance entre Schumann et la maison d'édition Peters des 16 et 20 janvier 1851, fait partie d'un recueil prévu d'ouvertures exemplaires de drames célèbres de la littérature mondiale - est la confrontation la plus importante de Schumann avec un poète dont il écrivait en 1843 dans un compte-rendu: "[...] Wer Shakespeare und Jean Paul versteht, wird anders componiren, als wer seine Weisheit allein aus Marpurg etc. [d.h. von Musiktheoretikern] hergeholt [...]".
«« L'oeuvre a un arrière-plan programmatique suggéré - dans la lignée des oeuvres de compositeurs vénérés par Schumann, comme Beethoven („Leonore III“, „Coriolan“) et Mendelssohn („Les Hébrides“, „Le conte de la belle Mélusine“). Elle se présente sous la forme classique d'un mouvement de sonate avec une introduction lente, mais elle est brouillée, car l'introduction et l'exposition ne se distinguent que peu dans le tempo et sont également étroitement mêlées sur le plan thématique - par le premier thème pathétique de type fanfare, peu profilé sur le plan mélodique, déterminé par des pointillés et des ruptures de triades, qui doit probablement représenter le héros du titre.
Le bref thème lyrique serait alors à mettre en relation avec Calpurnia, l'épouse de César. L'image sonore dense et lourde, dominée par les cuivres, avec ses fanfares, ses fragments de marche, ses trémolos de cordes dramatiques et ses figurations, évoque la grandeur et la tragédie de César, dans le développement conflictuel et riche en dissonances et la réexposition modifiée, son assassinat et les combats qui ont suivi, et dans le tournant triomphal en majeur de la coda courte mais brillante, la victoire de l'héritier de César, Octave, le futur empereur Auguste, sur les assassins de César à Philippes. »» traduit des notes de Joachim DRAHEIM publiées en 2015 dans le livret du CD 8.572880 de Naxos.
Dans l'interprétation proposée ici, Hans ROSBAUD dirige le Grand Orchestre de la Südwestfunk, une prise de son faite le 18 décembre 1962 dans le Studio 5 de la Südwestfunk à Baden-Baden: