Robert SCHUMANN
Symphonie No 4 op. 120 (Version de 1851)
Grand Orchestre de la Südwestfunk
Hans ROSBAUD
19 décembre 1961, Studio 5 de la SWF Baden-Baden
Chronologiquement, cette quatrième symphonie de Robert SCHUMANN est en fait sa seconde: la première version fut composée entre mai et septembre 1841, dans la foulée de la première symphonie; le thème principal, exposé dans le premier mouvement et repris dans le dernier, fa-mi-ré-do dièse-ré, correspond à l'anagramme CLARA, transposé une quinte plus basse: c'est un hommage à sa jeune épouse pour son anniversaire du 13 septembre 1841.
Lors de la première audition donnée dans la «Gewandhaus» de Leipzig, le 6 décembre 1841, l'oeuvre lui déplut toutefois tellement, qu’il la mit de côté. Ce n'est qu'en 1851 - donc après avoir composé ses 2e (1845) 3e (1850) symphonies - qu'il remania profondément l'oeuvre, qui reçut ainsi le titre “trompeur“ de quatrième symphonie et un numéro d’opus élevé, 120. Cette nouvelle version, donnée en première audition à Düsseldorf l'année suivante, fut immédiatement bien accueillie.
Robert Schumann avait initialement l'intention de publier sa révision sous le titre de „Fantaisie symphonique“. Bien que l'oeuvre soit clairement divisée en quatre mouvements, il exigea que sa révision de 1851 soit jouée sans aucunes interruptions. Anticipant un style qui sera repris par d'autres compositeurs, Schumann accentua la continuité en reliant tous les mouvements par thème, la plupart de l'étoffe mélodique et rythmique étant dérivée de trois brefs motifs présentés lors de la lente introduction du premier mouvement. La pensée musicale de Schumann l'orientait à cette époque vers le poème symphonique, et la symphonie en ré mineur est celle qui présente l'unité thématique la plus étroite parmi ses symphonies.
Une courte présentation de ses 4 mouvements, traduite des notes publiées au verso de la pochette du disque London Records STS 15019:
L'introduction lente du premier mouvement, «Ziemlich langsam», contient les thèmes initiaux importants de l'oeuvre. Une mélodie de croches rampantes évolue vers un fortissimo, puis s'apaise à nouveau. Des séquences de doubles croches aux violons se font alors entendre; le tempo passe à 2/4, la musique prend de l'élan et bientôt les doubles croches dansent avec le premier thème de l'oeuvre. L'exposition est pratiquement monothématique, car aucun matériau nouveau n'apparaît lorsque la tonalité majeure relative de fa est atteinte. Au lieu de cela, de nouvelles idées apparaissent à profusion dans le développement. Celui-ci est très long, avec de nombreuses répétitions, et mène directement à la coda sans aucune récapitulation des thèmes. La coda est basée principalement sur un air lyrique du développement, mais les doubles croches finissent par tout emporter et précipitent l'arrêt du mouvement en ré majeur.
La «Romanze. Ziemlich langsam» suit, remplaçant l'habituel mouvement lent. La partition est exquise, en particulier pour les bois. Un petit air triste de hautbois en la mineur s'effondre désespérément après huit mesures; l'air d'ouverture de l'introduction sert de continuation et est suivi d'un épisode central en ré majeur qui en est dérivé, dans lequel un violon solo tisse des triolets autour de croches descendantes des autres cordes. La mélodie d'ouverture, de nouveau en ré mineur, tombe cette fois-ci sur un la à l'unisson, qui se révèle être la dominante du mouvement suivant, ...
... un «Scherzo. Lebhaft - Trio», dont les contours familiers et les accents fortement marqués contrastent fortement avec le caractère frêle et onirique de son prédécesseur. Il y a beaucoup d'imitation canonique entre les voix, et l'air s'avère, à l'examen, être une inversion libre des doubles croches de l'introduction. Le trio, en si bémol, est également lié à un matériau entendu précédemment, dérivant des arabesques du violon solo dans la section centrale de la Romanze. Schumann insiste pour que le trio soit répété après la deuxième interprétation du scherzo, mais au lieu d'introduire le scherzo une troisième fois, il prolonge le trio dans un passage remarquable qui forme un lien avec le finale «Langsam - Lebhaft - Presto».
Ici, l'influence de la Symphonie en ut mineur de Beethoven est indéniable. La tension dramatique est splendidement maintenue avant l'allegro final, avec des appels marcato aux cuivres, des figurations sinueuses aux cordes tirées du premier mouvement, et un stringendo final menant au fougueux mouvement en ré majeur, qui a une exultation et un triomphe presque beethovéniens. Il s'agit d'un mouvement-sonate plus conventionnel que celui qui a ouvert la symphonie, avec un thème contrasté, une récapitulation précise, un fugato dans le développement et une péroraison finale qui est aussi exaltante que n'importe quelle autre musique orchestrale de Schumann.
L'interprétation de la Symphonie No 4 en ré mineur, op. 120, de Robert SCHUMANN proposée ici fut enregistrée le 19 décembre 1961 dans le Studio 5 de la SWF à Baden-Baden, Hans ROSBAUD dirigeant le „Grand Orchestre de la Südwestfunk“, dont il fut le chef titulaire de 1948 à son décés (1962):