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Bela BARTOK en 1910, collection D.DILLE - reproduction de Karoly KOFFAN
Bela BARTOK en 1916, Archives Bartok de Budapest - reproduction de Gyula HOLICS
Hanns-Martin SCHNEIDT vers la fin des années 1960

Bela BARTOK
2 Images pour orchestre, Op. 10, Sz 46, BB 59
Orchestre Symphonique de la Radio de Cologne
Hanns-Martin SCHNEIDT
1968

Traduit des notes de János KÁRPÁTI publiées en 1967 dans l'album Hungaroton LPX 1302:

"[...] Cette oeuvre composée pendant l'été 1910 représente un tournant important dans le développement artistique de Bartok. Ici, pour la première fois, le traitement coloré et impressionniste de l'orchestre, qu'il a acquis auprès de Debussy, rencontre sur un pied d'égalité le monde mélodique rude et robuste de la musique populaire d'Europe de l'Est. À première vue, sa forme semble être apparentée à la version finale des „Deux Portraits“, opus 5, mais avec une différence importante. Au lieu de personnages diamétralement opposés comme dans les Portraits, nous avons ici deux tableaux composés d'éléments qualitativement différents qui se complètent plutôt que de se contredire. La première pièce est une scène de nature colorée intitulée „En pleine fleur“, la seconde un tableau de genre atmosphérique „Danse villageoise“.

Les deux sections ne sont plus monothématiques. Chacune a son propre matériel thématique distinct. Cependant, la façon dont Bartok unifie les deux sections démontre sa maturité en matière de construction musicale. Tout d'abord, par l'utilisation de la gamme par tons entiers dans les deux, et ensuite, par l'évocation magistrale du thème de la première image dans la seconde.

Bela BARTOK en 1910, collection D.DILLE - reproduction de Karoly KOFFAN
Bela BARTOK en 1910, collection D.DILLE - reproduction de Karoly KOFFAN
C'est grâce à Zoltan Kodaly, en 1907, que Bartok fit plus ample connaissance avec la musique de Debussy. Ce fut une grande révélation pour lui que de découvrir chez le compositeur français des aspirations similaires à rajeunir le système diatonique européen basé sur les gammes majeure et mineure. Leurs sources différaient cependant. Si Debussy a puisé la pentatonie dans la musique d'Extrême-Orient, Bartok et Kodaly n'ont pas eu besoin d'aller aussi loin - ils ont trouvé la même chose dans la musique populaire hongroise ancienne. Néanmoins, le simple fait qu'ils aient des aspirations communes avec le grand compositeur les a encouragés et inspirés. D'autant plus que plusieurs éléments nouveaux et typiquement latins du langage musical et de la pensée de Debussy les aidèrent à se défaire des traditions parfois encombrantes de la musique allemande.

Le tableau orchestral de la première image - „En pleine fleur“ - reflète l'influence de Debussy dans une plus large mesure que dans toute autre composition jusqu'à cette époque. Les taches de couleurs pastel et murmurantes de l'orchestration, les glissandos de la harpe et les douces mélodies des bois sont autant attribuables à Debussy que les méthodes utilisées pour désintégrer les tonalités traditionnelles, des moyens tels que la pentatonie et surtout la gamme par tons entiers. En plus de tout cela, la personnalité de Bartok et ses efforts pour amalgamer et transformer les effets musicaux sont démontrés dans la façon dont il applique ces deux nouveaux éléments de son idiome musical. L'application de la gamme par tons entiers sous la forme de séries de gammes d'accompagnement est encore très proche de l'esprit de Debussy. Dans la „Danse villageoise“, cependant, il remodèle cette même échelle de tons entiers pour en faire un air de danse robuste à saveur roumaine, en mettant l'accent sur un tétracorde lydien. Les deux gammes de six tons servent donc d'élément de liaison immanent entre les deux pièces.

La pentatonie joue ici un rôle tout aussi individuel et diversifié. Derrière les mélodies jouées par les bois dans „En pleine fleur“, on peut facilement reconnaître un type de mélodie pentatonique caractéristique de la musique folklorique hongroise. Bartok aimait cependant transformer la pentatonie pure, par exemple en modifiant un degré de la gamme de manière chromatique.

Le but de ce changement est mieux réalisé dans la deuxième ligne mélodique (la plus fréquente, et le plus souvent la forme finale). La mélodie ainsi produite s'adapte exactement au système d'échelle par tons de l'oeuvre, et porte en même temps en elle le germe de l'échelle qui sera si importante dans les compositions ultérieures de Bartok - dite „échelle acoustique“, incorporant la quarte augmentée et la septième mineure des harmoniques naturelles.

Du point de vue de la structure, „En pleine fleur“ (Poco Adagio) a une forme ternaire simple. Dans la première, la mélodie analysée ci-dessus joue le rôle principal dans une période musicale composée de quatre lignes mélodiques. Chaque ligne est une variation de l'autre et est entonnée par divers instruments à vent aux couleurs douces. Le thème de la partie centrale du mouvement est introduit par un cor à la coloration similaire, puis passe aux instruments à vent et à cordes. L'accompagnement murmurant est ici complété par un matériau un peu plus austère et les effets de couleurs magiques de l'orchestre ne reviennent que lors de la récapitulation du premier thème.

La „Danse villageoise“ (Allegro) est un mouvement de danse folklorique caractéristique de Bartok, précédé de pièces telles que les „Deux danses roumaines“, et suivi de l'„Allegro Barbaro“, troisième mouvement de la Sonate No 1 pour violon et piano ou de la „Suite de danse“. Par conséquent, son orchestration diffère de celle de l'„En pleine fleur“. Cette danse vigoureuse se compose de grandes masses musicales entonnées à l'unisson, les bois alternant avec les cordes. Le deuxième mouvement a la forme d'un rondo, dans son premier épisode nous avons un air de danse folklorique d'un caractère différent. Le deuxième épisode contient le thème de „En pleine fleur“ sous une forme variée. [...]"

Les „Deux tableaux“ furent donnés en première audition le 25 février 1913 par l'Orchestre philharmonique de Budapest, sous la direction d'Istvan Kerner.

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Hanns-Martin SCHNEIDT vers la fin des années 1960, photo de presse WDR
Hanns-Martin SCHNEIDT vers la fin des années 1960, photo de presse WDR
L'enregistrement proposé sur cette page date de 1968, le «Kölner Rundfunk-Sinfonie-Orchester» étant dirigé par Hanns-Martin SCHNEIDT, à cette époque «General­musik­direktor (GMD)» du «Sinfonieorchester Wuppertal» (1963–1985). Je n'ai pas encore pu trouver si l'enregistrement fut fait en studio ou en concert. Si une personne visitant cette page en sait plus -> couriel!

Voici donc...

Bela Bartok, 2 Images pour orchestre, Op. 10, Sz 46, BB 59, Orchestre Symphonique de la Radio de Cologne, Hanns-Martin Schneidt, 1968

   1. En pleine fleur            07:30 (-> 07:30)
   2. Danse villageoise          09:20 (-> 16:50)

Provenance: Radiodiffusion

que vous pouvez obtenir en...

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En écoute comme fichier mp3 320 kbps

1. En pleine fleur
2. Danse villageoise


Bela BARTOK en 1916, Archives Bartok de Budapest - reproduction de Gyula HOLICS
Bela BARTOK en 1916, Archives Bartok de Budapest - reproduction de Gyula HOLICS