En octobre 1918, quelques mois après le succès de la première représentation du ballet „Le Prince taillé en bois“ et de l'opéra „Le Château de Barbe-Bleue“, Bêla Bartók se mit à la composition de sa troisième et dernière oeuvre dramatique, la pantomime „Le Mandarin merveilleux“.
L’oeuvre qui se caractérise par son élan rythmique sauvage, son architecture harmonique atonale brutale et une orchestration extrêmement serrée est inspirée d’un sujet symboliste-expressionniste emprunté à Menyhért Lengyel. La première représentation, le 27 novembre 1926 à Cologne sous la direction d'Eugen Szenkar, provoqua un scandale en raison de l'intrigue trouvée trop immorale - toute représentation de l'oeuvre fut ensuite interdite par le maire de Cologne de l'époque, Konrad Adenauer.
Trois vagabonds qui vivent dans un taudis d’une grande ville contraignent leur séduisante complice à se mettre à la fenêtre pour attirer des hommes riches qu’ils se proposent ensuite de dépouiller. Les deux premiers visiteurs, un cavalier misérable et un jeune homme timide, sont pauvres et sont aussitôt jetés à la rue. Le troisième visiteur qui se présente est un homme à l’air sombre et mystérieux, un mandarin. La jeune fille ne parvient qu’à grand peine à surmonter l’horreur que lui inspire l’inquiétant étranger et le charme avec une danse sauvage qui met le mandarin dans un état d’extrême agitation
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Cependant lorsqu’il veut embrasser la jeune fille les vagabonds se précipitent, le dépouillent et décident finalement de le supprimer. À trois reprises, ils essaient de le tuer mais le mandarin survit miraculeusement à tous leurs coups; sa passion amoureuse est plus forte que la mort. Il revient constamment vers la jeune fille sur qui il se précipite avec acharnement et qui finit par renoncer à toute résistance et par répondre à son ardeur. Et s’est à ce moment seulement que ses blessures se mettent à saigner — et il meurt.
Les différents personnages sont représentés musicalement par...
- la clarinette pour la fille
- le quatuor à cordes pour les trois souteneurs
- les cuivres et principalement les trombones pour le mandarin
Pour quelques détails de plus, voir la courte présentation publiée sur cette page de mon site, avec la suite tirée de ce ballet dans l'interprétation qu'en donna Georg Solti à Paris 6 ans plus tard.
Voici donc...
Bela Bartók, Le Mandarin merveilleux op. 19, Sz 73, Orchestre Symphonique de la Radio de Hesse (Sinfonieorchester des Hessischen Rundfunks), Georg Solti, 1956