Georges BIZET
L'Arlésienne, op. 23, version avec récitant
Albin SKODA
Orchestre symphonique de Vienne
Hermann SCHERCHEN
23 juin 1950, Vienne
«das österreichische Rundspruchwesen»
(depuis mai 1953 «Österreichischer Rundfunk» ORF)
Bien qu’ayant été un échec notoire lors sa de première représentation à la scène, l'Arlésienne compte depuis longtemps au nombre des réalisations suprêmes de son genre. En plus d’un langage extrêmement personnel, elle a un cadre «exotique», tout au moins méridional - la Provence - que Georges Bizet a su exploiter avec grande verve, se servant de vieilles mélodies qu’il transforma et assimila complètement.
Voir cette page du site GALLICA pour la reproduction d'une copie manuscrite de la pièce d'Alphonse Daudet faite par l'agence Leduc, en partie autographe, avec esquisses des numéros musicaux de la main de Georges Bizet.
Dans la pièce de théâtre comme dans l’opéra, le personnage principal est un jeune homme fort sensible tiraillé entre deux femmes, l’une étant la douce jeune fille dévouée - Micaela - qu’on compte lui faire épouser, l’autre la femme fatale, licencieuse et séduisante, qu’il aime d’une passion échappant à son contrôle. Lorsque cette femme l’abandonne pour un autre homme, la lutte pour la reconquérir l’anéantit. La fille d’Arles - dont le nom n’est pas spécifié - n’apparaît jamais, mais l’homme est également le ressort psychologique de l'oeuvre. La musique associée au jeune Frédéri offre une puissante description de la jalousie et du désespoir. Il se pourrait bien qu’elle recèle quelque expérience personnelle de Bizet.
C’est dans le courant de l’été 1872 que celui-ci composa la musique de scène de L’Arlésienne d'Alphonse Daudet. Lorsque l’oeuvre fut montée à Paris, où elle fut accueillie au Théâtre du Vaudeville le 1er octobre de la même année, la pièce fut éreintée et la musique pratiquement ignorée. Écrite pour un orchestre réduit de 26 exécutants et singulièrement constitué, comprenant notamment un saxophone alto, elle est si subtilement accordée au drame (contenant de nombreux mélodrames, passages de musique servant de fond au dialogue) qu’elle perd beaucoup à être arrachée de son contexte - mais reste quand-même splendide: ce seront deux suites orchestrales qui mèneront l'Arlésienne de Bizet au succès. De sa musique de scène, Bizet récupéra presque tout de suite quatre morceaux qu’il réorchestra pour orchestre complet (avec quelques brillants détails nouveaux) pour former la première Suite. La seconde Suite fut assemblée après le décès de Bizet par son ami Ernest Guiraud, qui se servit de méthodes similaires.
Hermann SCHERCHEN en 1950, photographe, lieu et date exacte inconnus
Dans les années d'Après-Guerre, alors qu'il était chef du «Studio-Orchester-Beromünster», Hermann SCHERCHEN joua - aussi bien avec l'Orchestre de Beromünster qu'avec d'autres orchestres, en Suisse qu'à travers l'Europe - plusieurs oeuvres avec récitant qui étaient de véritables «mises en ondes radiophoniques», par exemple Manfred de Schumann (qui fut aussi publié sur disque), Bergliot et Peer Gynt de Grieg, Pierre et le loup de Prokofjew, Egmont et Prométhée de Beethoven, Le songe d'une nuit d'été de Mendelssohn, Abraham Lincoln de Copland, l'Arlésienne de Bizet. Ce genre était à l'époque très prisé. Étant diffusés en différé, les programmes de Beromünster furent certes enregistrés, mais par après - par soucis d'économie... - les bandes furent hélas effacées, pour être réutilisées. Quand on parcoure les programmes radiophonique de cette époque, on ne peut rester que très, très réveur...
Les rares enregistrements de telles mises en ondes radiophoniques qui existent encore, proviennent d'autres établissements que celui de Beromünster. De l'Arlésienne de Bizet en existent même deux en langue allemande: une version autrichienne réalisée en juin 1950 avec l'Orchestre Symphonique de Vienne et une autre version provenant d'une session dans les studios de Radio Leipzig.
C'est la première nommée qui vous est proposée ici. Le récitant est le «Kammerschauspieler» Albin SKODA, Hermann SCHERCHEN dirigeant l'Orchestre Symphonique de Vienne, une prise de son de la Radio Autrichienne effectuée à Vienne le 23 juin 1950. Hermann Scherchen n'utilisa pas le texte de la pièce d'Alphonse Daudet, mais celui de ses «Lettres de mon Moulin», qu'il traduisit lui-même en allemand.
Georges Bizet, L'Arlésienne, op. 23, version avec récitant, Albin Skoda, Orchestre symphonique de Vienne, Hermann Scherchen, 23 juin 1950, Vienne «das österreichische Rundspruchwesen» (depuis mai 1953 «Österreichischer Rundfunk» ORF)