Jean-Joseph MOURET
„Fanfares pour des Trompettes, Timbales, Violons
et Hautbois avec une Suitte de Simphonies mélées
de Cors de chasse“ en ré majeur
Adolf SCHERBAUM, trompette
Georges BARBOTEU, Jacky MAGNARDI, cors I/II
Jacques REMY, timbales baroques
Maurice BOURGUE, Emile MAYOUSSE, hautbois I/II
André SENNEDAT, basson, Huguette GREMY, clavecin
Orchestre de Chambre Paul Kuentz
Paul KUENTZ
19 au 23 mai 1964, Studio Polydor, Paris
En guise d'introduction, traduit des notes de Maurice IMBERT publiées en anglais dans l'album Archive Production SAPM-198833:
Jean-Joseph MOURET était originaire d'Avignon, en Provence. On ne sait pas avec certitude qui l'a formé dans cette ville. Il a peut-être rencontré dans sa ville natale Rameau, brièvement organiste à Notre-Dame-des-Doms, car il avait 25 ans lorsque, suivant l'exemple de son cadet de 17 mois, il décida de se rendre à Paris. Le jeune homme y gagne rapidement une estime qui le porte à des postes de plus en plus éminents. Il remplit successivement ou simultanément les fonctions de directeur de la musique du Maréchal de Noailles et de chef de musique de la Duchesse du Maine, puis devient la pierre angulaire des fameuses „Nuits de Sceaux“, chef d'orchestre de l'Académie royale, compositeur officiel des Divertissements du Théâtre Italien, chanteur de chambre du Roi, et directeur artistique des concerts des Tuilleries.
Sa fin fut pitoyable. À partir de 1734, l'étoile de Rameau monte; et comme Mouret n'est pas un de ses admirateurs, il perd ses postes les uns après les autres et se voit réduit à la misère. Sous ces revers, son esprit se dérègle peu à peu et il finit par mourir à Charenton sous le toit des „Pères de la Charité“.
Nous ne savons pas à quoi il ressemblait: toutes les tentatives pour retrouver son visage sur des gravures (pourtant nombreuses à son époque) se sont révélées vaines jusqu'à présent. Ses contemporains l'appelaient „le musicien des Grâces“. En effet, dans sa production, la mélodie et le rythme sont de première importance; mais il serait erroné d'en conclure qu'il manquait de qualité dramatique. De plus, à une époque où la symphonie fleurissait en France, il contribua efficacement à la diffusion de ses acquis. Les oeuvres de ce Provençal dans ce domaine marquent une évolution très nette dans l'histoire de l'instrumentation de son pays, tant par le développement de certains motifs instrumentaux que par l'utilisation de diverses combinaisons de timbres.
Jean-Joseph Mouret a laissé deux „Suittes“ de „Simphonies“, enregistrées au verso du présent disque. Il les arrangea dans le courant de l'année 1729 et laissa aussitôt à Mlle Louise Roussel le soin de les graver, pour son propre compte, en tant que „Livre second“ (le précédent, qui contenait „Six Sonates à deux Flûtes“, est perdu ou du moins égaré). Elle parut en octobre de la même année, peu après l'exécution de la „Seconde Suitte“, „à l'Hôtel de Ville devant le Roi“ et peu avant celle de la Première, dirigée par Mouret lui-même au „Concert Spirituel“ de la Toussaint, où elle précédait le „Te Deum“ de Lalande.
La première suite, intitulée „Fanfares pour des Trompettes, Timbales, Violons et Hautbois avec une Suitte de Simphonies mélées de Cors de chasse“, en ré majeur, porte une dédicace au Prince de Dombes, l'aîné des fils de la Duchesse du Maine. Mouret lui avait enseigné la musique, et il est resté passionnément attaché à cet art. Certaines phrases de l'introduction du compositeur doivent être citées ici. „Le recueil que j'offre à Votre Altesse Sérénissime“, écrit-il, „est composé de plusieurs airs propres à la guerre et au noble exercice qu'elle représente. Dans un temps où la vaillance dont vous avez déjà donné de si brillantes preuves aux yeux des nations étrangères est forcée de rester oisive, tout ce qui peut vous rappeler le spectacle du combat vous fait plaisir, et c'est ainsi seulement que mon hommage peut vous être agréable.“ Ces deux phrases précèdent l'apparition des „Fanfares“. Elles forment une composition festivalière sur laquelle flotte, par endroits, une odeur de „poudre artificielle“, comme le disait Clément Marot dans ses „Épîtres“. Dans sa partition, une trompette, des timbales, deux hautbois, deux violons et une basse continue (violoncelles, basse, basson et clavecin) sont utilisés tous ensemble.
L'oeuvre comporte quatre mouvements. Le premier a deux épisodes joués par les violons et les hautbois, encadrés par de majestueuses parties “tutti”; il constitue en quelque sorte un pendant à la „Simphonie du Te Deum“ de Lalande. Le mouvement suivant, „Gracieusement, sans lenteur“ , est un menuet, dans lequel la suite des parties est inversée. Seuls les violons et les basses participent au trio, en mi mineur, qui est vif et martialement dramatique: il est répété dans une humeur différente, avec des contrastes d'expression très marqués. La troisième pièce est divisée en deux sections répétées, et est également, au cours de la deuxième, fertile en contrastes. Les „Fanfares“ se terminent par un aimable „Guay“ qui ressemble à une gigue et dont la forme est analogue à celle de la pièce précédente.
Jean-Joseph MOURET, „Fanfares pour des Trompettes, Timbales, Violons et Hautbois avec une Suitte de Simphonies mélées de Cors de chasse“ en ré majeur, Adolf SCHERBAUM, trompette, Georges BARBOTEU et Jacky MAGNARDI, cors I et II, Jacques REMY, timbales baroques, Maurice BOURGUE et Emile MAYOUSSE, hautbois I et II, André SENNEDAT, basson, Huguette GREMY, clavecin, Orchestre de Chambre Paul Kuentz, Paul KUENTZ, 19 au 23 mai 1964, Studio Polydor, Paris