Wolfgang Amadeus MOZART
Symphonie No 40 en sol mineur, KV 550
Orchestre symphonique de la «NWDR»
Hans SCHMIDT-ISSERSTEDT
27 janvier 1956, Hamburger Musikhalle (Laeiszhalle)
La Symphonie no 40 fait partie d'un groupe de trois symphonies composées en été 1788: on a souvent dit que Mozart n'aurait jamais entendu ses trois dernières symphonies, mais cela est peu probable, car il interpréta plusieurs symphonies durant les voyages qu'il effectua en 1789, à Berlin notamment, et l'année suivante à Francfort. Par ailleurs, en avril 1791, son ami et collègue Antonio Sallieri dirigea à Vienne un concert qui comprenait une «grande symphonie» de Mozart, très probablement cette 40e.
C'est seulement la deuxième symphonie que Mozart compose dans le mode mineur: la couleur en est souvent plaintive ou alors, selon le tempo, passionnée. "[...] Schumann la trouvait élégante et gracieuse et un critique moderne insista sur sa parenté avec l'opéra comique. Toutefois, beaucoup plus nombreux sont ceux qui la considèrent comme une oeuvre passionnée, agitée, voire tragique; et il est vrai qu'elle ne manque pas d’idées originales et de sentiments forts.
Le premier mouvement fait entendre le timbre doucement élégiaque des altos palpitants, un motif languissant et subtil en demi-ton descendant et un développement agité (avec le violent déchirement tonal du début). Le calme de la douce ouverture de l’Andante est bientôt troublé par l'intensité implicite des distantes modulations, des sombres tuttis et des chromatismes de la mélodie et de l'harmonie.
Puis le Menuet, qui n'a d’une danse galante que le nom, s'appuie en grande partie sur un contrepoint brusque et décidé en deux parties et sur des phrases irrégulières; l'atmosphère générale ne s'éclaircit ensuite que dans le trio en majeur.
D'emblée, le finale semble moins original avec ses tuttis vigoureux et son second motif lyrique; mais dans le développement, le ton devient sévère et volontaire avec la discussion contrapuntique du thème principal. Et même le second motif en majeur, innocent jusque-là, se teinte de pathétisme lorsqu'il revient en mineur dans la réexposition. [...]" cité d'un texte de Stanley SADIE, traduction de Brigitte PINAUD, 1987, Decca LONDON 414 334 - 1.
Wolfgang Amadeus Mozart - une gravure de ??, non datée, provenant apparamment d'un musée nommé «Musical Museum Moscow»
La Symphonie en sol mineur fut écrite à l’origine pour une flûte, deux hautbois, deux bassons, quatre cors, et les cordes; par la suite, en 1791, Mozart modifia la partition des vents en supprimant la seconde pair de cors, et - dans une seconde retouche - ajoutant deux clarinettes - ce qui était à l'époque inhabituel pour une symphonie classique - et modifiant les parties des hautbois: "[...] L'importance qu’il attachait à ces nouveaux timbres ressort clairement du troisième mouvement (Menuetto. Allegretto): dans le menuet, les hautbois et les clarinettes commencent par jouer ensemble, tandis que, dans les six dernières mesures, les clarinettes sont seules; puis elles se taisent dans le trio, où dominent alors les hautbois [...]" cité d'un texte de Marius FLOTHUIS dans une traduction de Jacques Lasserre, 1984, Philips.
"[...] Le premier mouvement, Molto allegro, s’ouvre sans aucune introduction sur le thème initial, ligne mélodique de couleur sombre, dans laquelle on a pu voir l'expression d’une plainte déchirante et, par là, le motif dominant de l'oeuvre entière.
En dépit de la luminosité toute mozartienne du thème chantant, l’atmosphère de l'Andante semble vouloir masquer une tension de caractère plus intime que seule la douceur des dernières mesures vient apaiser.
Aussi éloigné que possible de la verve galante du XVIIIe siècle, le Menuet, grave et ardent, forme un contraste émouvant avec le Trio, souriant et rêveur, bien autrichien d’allure et schubertien avant la lettre.
Le Finale, Allegro assai, est proprement stupéfiant. Aucun musicien ne s’était aventuré à terminer une symphonie de cette manière pathétique et désespérée. C’est là le mouvement intérieur d’une âme torturée par une souffrance qu’il est inutile de chercher à rattacher aux circonstances connues de la vie de Mozart, son génie divinatoire étant capable, sans raisons directes, d’exprimer les plus mystérieuses angoisses humaines. Un démonisme jusqu’alors contenu éclate dans le prodigieux développement, où la tension est portée à son comble. [...]" cité d'un texte de Françoise VINCENT-MALETTRA publié en 1981 dans le livret du CD Columbia CBS MASTERWORKS MK 36703.
Das NWDR Sinfonieorchester und Hans Schmidt-Isserstedt spielen um 1955 in der Hamburger Musihalle, une photo citée de cette page du site de la NDR
Dans l'enregistrement proposé sur cette page, l'Orchestre Symphonique de la NWDR est dirigé par son chef titulaire Hans SCHMIDT-ISSERSTEDT. Cette splendide perle des archives de la NWDR/NDR est extraite d'un concert de gala donné le 27 janvier 1956 dans la «Musikhalle» de Hamburg - plus connue sous le nom de «Laeiszhalle» - entièrement consacré à des oeuvres de Mozart et à l'époque retransmis en direct à la radio NDR (Ref.: programme radio, DIE ZEIT, 26. Januar 1956, page 19).
Portrait de Hans SCHMIDT-ISSERSTEDT fait par Fritz ESCHER, date inconnue
À noter que lors de ce concert l'orchestre portait encore le nom de «NWDR Sinfonieorchester»: ce n'est que près d'une dizaine de mois plus tard - en octobre 1956, lors du partage de l'établissement de radiodiffusion NWDR ("Nordwestdeutschen Rundfunks") en NDR et WDR - qu'il va être rebaptisé en «NDR Sinfonieorchester».
Portrait de Hans SCHMIDT-ISSERSTEDT fait par ??, date inconnue
L'année précédente, le «Hamburger Echo» avait demandé à Hans Schmidt-Isserstedt d'écrire un court essai pour le 200e anniversaire de Mozart, destiné à être publié juste avant ce concert. Le 21 janvier 1956 le «Hamburger Echo» ne put toutefois publier qu'une courte lettre de Hans Schmidt-Isserstedt...
"[...] Warum ich nicht über Mozart schreibe! ... damals lachte ich sorglos: Es war ja noch ein Jahr Zeit. Jetzt ist der Tag da - und der große Schreck... Ich habe zwar in grauer Vorzeit eine Doktor-Dissertation über "Ihn" geschrieben, habe mich mein ganzes Leben lang zu ihm bekannt, und es sind mir auch einige Aufführungen seiner Werke - Opern, Sinfonien, Konzerte, Oratorien - geglückt. Aber über "Ihn" etwas zu schreiben, das doch eine gewisse Gültigkeit haben müßte, das kann ich nicht. Das einzige, was ich schreiben kann, ist, warum ich nicht schreiben kann: Sehen Sie, Mozart steht mir zu nahe, wir sind zu intim befreundet, ich habe Angst, dieses feinste und zarteste Gefühl, dessen ich überhaupt fähig bin, zu zerreden. Das ist es: Das Unbegreifliche, hier ist es getan. Und das Unbegreifliche ist auch das Unbeschreibliche, ist für mich das Unbeschreibbare [...]" cité d'un texte de Helmut WERNER publié dans cette page du site www.kulturverein-holm.de.
Hans SCHMIDT-ISSERSTEDT, une photo prise par Elisabeth Speidel pour EMI (dans la grande salle du Wiener Konzerthaus)
Voici donc...
Wolfgang Amadeus Mozart, Symphonie No 40 en sol mineur, KV 550, Orchestre symphonique de la «NWDR», Hans Schmidt-Isserstedt, 27 janvier 1956, Hamburger Musikhalle (Laeiszhalle)