"[...] La Symphonie en sol mineur [...] de Rosetti est une oeuvre exceptionnelle qui mérite de prendre place au côté des célèbres symphonies que Haydn et Mozart composèrent dans cette tonalité. La partition autographe indique qu’elle fut «composta nel mese di Marzo [composée en mars de] 1787 à Wallerstein». Compte tenu de son exceptionnelle qualité, il est surprenant que l’oeuvre n’ait pas été publiée du vivant du compositeur et ne soit aujourd’hui préservée que dans deux copies manuscrites hors de Wallerstein - une à Berlin et une copie apparentée conservée dans la Royal Music Collection de la British Library à Londres.
Malgré un début retenu, le premier mouvement est chargé d’énergie et d’intensité dramatique, en particulier grâce à la concentration des motifs et à l’urgence rythmique. Un point culminant d’intensité est atteint dans le développement, où Rosetti prouve sa capacité à maintenir l’intérêt par une manipulation constante du motif initial tout en explorant les couleurs de tonalités lointaines. Tout au long du mouvement, l’auditeur est frappé par le soin porté au déploiement des dynamiques. En 1784, peu d’années avant la composition de cette symphonie, le critique Christian Friedrich Daniel Schubart écrivait que, dans l’orchestre de Wallerstein, «les plus subtiles et souvent imperceptibles gradations du son proviennent de la méticulosité souvent pédante de Rosetti». Plusieurs critiques de l’époque font référence à la précision d’exécution de l’orchestre de Wallerstein, et Haydn lui-même aurait remarqué qu’aucun autre orchestre ne jouait ses symphonies avec autant de précision.
Le menuet reste en mineur, mais délaisse quelque peu l’intensité du premier mouvement pour une atmosphère plus lumineuse. Rosetti a d’ailleurs souligné son intention en indiquant le menuet «fresco». Le trio est plein de coquetterie et finit de manière paisible et modeste. Le mouvement lent en si bémol majeur, Andante ma Allegretto, est l’une de ces effusions tendrement lyriques pour lesquelles Rosetti était si connu. Ici, on peut aussi apprécier l’adresse du compositeur à établir des liens entre les idées musicales pour assurer à la musique un flot souple et ininterrompu. En guise de finale, Rosetti offre un capriccio énergique et entraînant qui mène la symphonie à une conclusion optimiste en majeur. [...]" Cité d'un texte de Sterling E. MURRAY, dans une traduction de Jean-Claude POYET, publié en 1995 dans le livret du CD TELDEC 4509984202.
(Francesco) Antonio Rosetti (František Antonín Rösler), Symphonie en sol mineur, Kaul I:27, Murray A42, Cappella Coloniensis, Hanns-Martin Schneidt, 1970