Grande fantaisie zoologique pour ensemble instrumental (deux pianos, deux violons, alto, violoncelle, contrebasse, flûte, clarinette, harmonica et xylophone)
Alfons et Aloys KONTARSKY, piano
Orchestre Symphonique de la Radio de Cologne
Wilhelm SCHÜCHTER, 1971
Il a été déjà tellement écrit sur cette oeuvre, que je me borne à citer deux extraits de textes publiés dans des livrets de disques:
"[...] Le Carnaval des animaux, Grande fantaisie zoologique, est un accident dans la production sérieuse du compositeur. Ce "bestiaire" s'intégre dans une tradition très française qui, de Janequin à Poulenc, via Rameau, Couperin, Daquin, Chabrier ou Ravel, met en scène ou imite les animaux. Sous le couvert d'une peinture animalière, l'oeuvre est en fait un brûlot lancé à la face des musiciens (le caustique Saint-Saëns inclus).
Ces quatorze pièces font appel, dans une structure musicale inédite, à un effectif instrumental original, à mi-chemin entre la musique de chambre et la musique symphonique, dont Saint-Saëns tire des effets sonores variés, cocasses ou poétiques, en étroite relation avec le propos évocateur, satirique ou caricatural de l'oeuvre. Les citations musicales parodiques incluses dans la partition (Rameau, Offenbach, Berlioz, Mendelssohn, Czerny, Rossini, "J'ai du bon tabac", "Au clair de la lune", "Ah ! vous dirai-je maman" et... Saint-Saëns lui-même) sont des clins d'oeil complices que le compositeur adresse à ses auditeurs.
Cette partition "amicale" et "privée" a été composée au début de 1886 pour le violoncelliste Lebouc, qui, pour Mardi-Gras, organisait des concerts chez lui. La première eut lieu dans ce cadre le 9 mars 1886. Une seconde exécution privée se déroula le 2 avril chez Pauline Viardot, en présence de Liszt, qui en admira beaucoup l'orchestration. Saint-Saëns désirait que l'oeuvre demeurât inédite. Il en interdit aussi toute exécution de son vivant. Seul, le célèbre Cygne échappa à cette interdiction.
Le Carnaval des Animaux fut publié en 1922 et Gabriel Pierné en assura la création publique le 25 février de la même année. [...]" cité des notes de Gilles THIÉBLOT publiées en 1993 dans le livret du CD Harmonia Mundi HMC 901472.
Le Carnaval des Animaux "[...] fait appel aux instruments suivants: flûte (et petite flûte), clarinette, xylophone, harmonica, cordes et — les plus importants de tous — deux pianos. Cet ensemble évoque, de la part de Saint-Saëns, qui reste un maître de l'orchestration, une variété de sonorités qui étonnent et ravissent l’auditeur tout à la fois. Saint-Saëns donne libre cours à quelques citations adroites quand il sent que la vivacité d'esprit d’autres musiciens peut ajouter une certaine saveur à son propre sens infaillible de la plaisanterie.
Quelques mesures d'introduction pleines d’entrain nous préparent à l’entrée du premier des animaux, le lion, exposé par les violons. Les pianos ajoutent des traits colorés avant de prendre à leur charge le rôle principal.
Dans «Poules et Coqs», l’orchestration de Saint-Saëns reproduit la nature avec une exactitude étonnante et le turbulent «Hémiones» exploite la technique du piano des plus brillamment.
L’orchestration lourde de «Tortues» est une version satirique, joyeusement incongrue, du cancan d’«Orphée aux Enfers». Des contrebasses sont employées de facon — appropriée pour la parodie ravissante, «L’Eléphant», où l'argument poursuit son jeu avec une mélodie tirée du «Ballet des Sylphes» de Berlioz.
«Kangourous» est une pièce pour pianos seuls, qui projette un terrassement de sonorités. Cordes en sourdine, figurations aux pianos et bois pleins de couleur ajoutent ensuite du poids à une évocation géniale d’eau et de poissons dans l’«Aquarium».
Un autre épisode plein d’esprit fait suite, intitulé «Personnages à longues oreilles», où il n’est pas difficile de reconnaître le braiement d’ânes. La clarinette et les pianos dépeignent alors une scène sylvestre évoquant «Le Coucou au fond des bois» après quoi s’engage une conversation délicatement imitative entre la flûte, les cordes et les pianos dans la «Volière».
La satire revient en force avec «Pianistes», où des erreurs «délibérées» sont permises, et continue dans «Fossiles», le titre se référant sans doute aux airs qui y sont parodiés — y compris un de Saint-Saëns lui-même.
L’avant-dernière pièce, «Le Cygne», est à juste titre célèbre — une mélodie poétique qui réalise le rêve de tout violoncelliste. L'oeuvre s'achève dans les ébats joyeux du «Finale», où reparaissent quelques thèmes du carnaval. [...]" cité des notes de Geoffrey CRANKSHAW publiées en 1981 dans le livret du CD Philips 9500 973.
Voir aussi l'introduction publiée sur cette page de mon site avec l'enregistrement fait sous la direction de Walter GOEHR.
L'enregistrement de la Radio de Cologne présenté ici date de 1971, très probablement fait dans la grande salle de concert de la Maison de la Radio de Cologne. Le „Carnaval des Animaux“ est interprété par l'Orchestre Symphonique de la Radio de Cologne sous la direction de Wilhelm SCHÜCHTER, avec Alfons et Aloys KONTARSKY aux pianos. À cette époque, Wilhelm Schüchter était «Generalmusikdirektor» à Dortmund, soit directeur des «Dortmunder Philharmoniker» et directeur artistique de l'Opéra de cette ville.
Voici donc...
Camille Saint-Saens, Le Carnaval des animaux, grande fantaisie zoologique pour ensemble instrumental (deux pianos, deux violons, alto, violoncelle, contrebasse, flûte, clarinette, harmonica et xylophone), Alfons et Aloys Kontarsky, piano, Orchestre Symphonique de la Radio de Cologne, Wilhelm Schüchter, 1971
01. Introduction et Marche royale du Lion 01:50 (-> 01:50)
02. Poules et Coqs 00:42 (-> 02:32)
03. Hémiones (Animaux véloces) 00:37 (-> 03:06)
04. Tortues 01:53 (-> 04:59)
05. L'Éléphant 01:27 (-> 06:28)
06. Kangourous 00:47 (-> 07:15)
07. Aquarium 02:14 (-> 09:29)
08. Personnages à longues oreilles 00:56 (-> 10:25)
09. Le coucou au fond des bois 02:16 (-> 12:41)
10. Volières 01:28 (-> 14:09)
11. Pianistes 01:18 (-> 15:27)
12. Fossiles 01:16 (-> 16:43)
13. Le Cygne 03:14 (-> 19:57)
14. Finale 02:02 (-> 21:59)
Provenance: Radiodiffusion, Archives de la Radio de Cologne resp. ARD