En 1930-31, Franz Schmidt composa ses Variations sur une Chanson de Hussards, l'un des sommets de son oeuvre orchestrale, qu'il dédia à Clemens Krauss, le chef d'orchestre qui le défendait si ardemment.
Dans cette oeuvre, les principes de composition variatifs et symphoniques se chevauchent. Le premier se traduit par 15 variations, le second par quatre grandes sections qui correspondent à des mouvements symphoniques qui s'enchaînent et se contrastent.
« De la même manière que Franz Schmidt avait déjà su magistralement réunir les différentes variations en parties cohérentes au sein de l'oeuvre (scherzo, trio) dans la deuxième symphonie et qu'il avait coulé sa quatrième symphonie dans un seul mouvement grâce à un plan formel inhabituellement nouveau, il sut également utiliser la variation dans le «Husarenlied» de manière à déterminer la forme de l'oeuvre. Franz Schmidt a emprunté ici le chemin inverse, en ce sens que le facteur créatif de la variation, tout comme dans la „Chaconne en do dièse“, lui a permis de créer des unités supérieures selon un plan de forme symphonique au moyen de variations thématiques individuelles. Ainsi, l'ensemble de l'oeuvre à variations se divise en sections correspondant à des mouvements symphoniques, grâce à l'association de différentes parties. Plus encore, aux variations s'ajoutent des groupes de variations qui, par leur modification mélodique et rythmique, deviennent en eux-mêmes des variations des variations. » Traduit d'un texte de Carl NEMETH publié en 1957 dans la «Oesterreichische Musikzeitschrift»
Après une introduction lente et mystérieuse (Adagio, do mineur), un thème chevaleresque animé (Vivace alla marcia) est présenté; les variations suivantes, nos 1 à 5, constituent le “mouvement de tête”; une section Lento introduit les variations nos 6 à 10 (Scherzo, sol majeur, interrompu par une pause générale entre la 9e et la 10e variation; les variations no 11 et 12 (la majeur, la mineur, mi bémol mineur) correspondent à l'adagio symphonique; les variations no 13 à 15 et la coda, dans laquelle le thème revient sous sa forme originale, sont à considérer comme le mouvement final.
Les Variations sur une Chanson de Hussards furent données en première audition le 15 mars 1931 à Vienne par l'Orchestre Philharmonique de Vienne sous la direction de Clemens Krauss (un concert philharmonique dans la grande salle du Musikverein de Vienne, entre l'Ouverture des Noces de Figaro de Mozart et la Première symphonie en ut mineur op. 68 de Johannes Brahms). Le 31 août suivant, l'Orchestre philharmonique de Vienne, toujours sous la direction de Clemens Krauss, joua également cette nouvelle oeuvre au Festival de Salzbourg, où Bruno Walter l'entendit. Walter dirigea ensuite l'Orchestre Philharmonique de New York lors de la première américaine des Variations le 4 février 1932 à New York (avec des représentations ultérieures les 5 et 6 février; l'oeuvre de Schmidt fut jouée comme pièce finale après la Quatrième Symphonie de Robert Schumann, un air de Mozart avec la soprano Jeannette Vreeland, Siegfried-Idyll de Richard Wagner et la suite du Triomphe de la sensibilité d'Ernst Krenek, à nouveau avec Jeannette Vreeland).
Dans l'enregistrement proposé ici (une prise de son de la Radio Autrichienne que je n'ai pas encore pu dater), Robert HEGER dirige l'Orchestre Symphonique de la Radio de Vienne:
1. Introduction (Adagio)
2. Theme (Vivace alla marcia)
3. Variations I to XV
4. Coda 24:02
Vous pouvez obtenir cette splendide interprétation en...