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Alexander SKRJABIN
Symphonie No 1 en mi majeur, op. 26
Larissa AWDEJEWA, Anton GRIGORJEW
Choeurs académiques a cappella russes
(dir. Alexander JURLOW)
Orchestre symphonique de l'URSS
Jewgeni SWETLANOW
1966

Alexander SKRJABIN «« est l'un des compositeurs russes des plus colorés et originaux du tournant des XIXe et XXe siècles. Il avait un sens aigu de son époque et répondait de toute son âme à l'excitation, à l'anxiété et aux attentes d'une époque qui promettait „des changements inouïs et des rébellions sans précédent“.

D'après A.V.Lounatcharski, Scriabine percevait „la charge du monde comme une im­men­se force à la fois destructrice et aspirant à un ordre supérieur“. Cherchant à comprendre et à saisir artistiquement cette soif de cet „ordre supérieur“ - en d'autres termes, le processus de libération de l'homme et de l'humanité de toutes les forces qui les contraignent - le compositeur a souvent eu recours à un symbolisme philosophique abstrait.

G.V.Plekhanov, qui connaissait bien Scriabine, a dit de lui: „Quel homme sympathique et talentueux, mais quel mystique incorrigible. Sa musique est d'une portée grandiose. Cette musique est le reflet de notre époque révolutionnaire dans le tempérament et la vision du monde d'un mystique idéaliste“. Ces mots soulignent à la fois la force et la faiblesse de Scriabine.

Les généralisations de Scriabine en tant qu'artiste sont plus larges et plus réalistes, plus pertinentes aussi que ses visions idéologiques. C'est ce que prouve irréfutablement une grande partie de son héritage créatif, qui est devenu un classique. Aujourd'hui, avec une certaine distance historique, nous pouvons voir de plus en plus clairement la parenté de Scriabine avec de nombreux peintres d'avant-garde de la fin du XIXe siècle - début du XXe siècle.

Le penchant de Scriabine pour les grands concepts idéologiques s'est manifesté dès ses premières années. Ce sont les grandes formes - les premières sonates pour piano, puis les sonates et les symphonies - qui sont devenues les jalons les plus importants de son oeuvre. L'une d'entre elles est la Première Symphonie, achevée en 1900, peu après la composition de la monumentale Troisième Sonate.

La Première Symphonie fut donnée en première audition (sans le sixième mouvement) en novembre 1900. L'orchestre était dirigé par A.K.Liadov. La première exécution avec le finale choral eut lieu à Moscou en mars 1901, sous la direction de V.I.Safonov. »» traduit des notes publiées au verso de la pochette du disque Melodiya C 0529 30.

Une courte description citée des notes de Christof RUEGER (traduction de Pierre BALASCHEFF) publiées en 1980 dans le livret du coffret Philips 6769 041:

"[...] La Première Symphonie contient déjà en germe toutes les caractéristiques futures du style de Scriabine: les plans dramaturgiques principaux, activité-passivité, un caractère extatique dérivé du romantisme, une tendance vers la synthèse symphonique. Du mouvement initial Lento (3/4, en mi majeur) se dégage la sérénité contemplative et la chaleur d’une ambiance pastorale sans conflits - c'est, par son contenu, un pro­lon­ge­ment du poème symphonique précédent „Rêverie“ et, stylistiquement, un ensemble de traits impressionnistes (on pense aux ultérieures suites de „Daphnis et Chloé“ de Ravel).

Sur un fond moelleux de cordes, retentit à la clarinette une charmante cantilène; déjà typiques de Scriabine sont le levé de grande envergure et d'une gestique accusée, le retardement syncopé (s'étendant au-delà de la barre de mesure), ainsi qu'un saut de septième inespéré, immédiatement compensé par des séquencesde faible amplitude. Le thème subsidiaire (flûtes, piano dolce) constitue dans une certaine mesure un approfondissement lyrico-fantastique du principal et évite même de faibles impulsions dynamiques. Ici nous voyons pour la première fois cette lumière froide des hautes tessitures orchestrales de Scriabine, dont la magie particulière se dégagera principalement du „Poème de l'Extase“. Symptomatiques sont plus loin les glissements chromatiques des voix inférieures, qui par une constante expectative de prolongement et une égale déception atteignent à un effet exceptionnellement chatoyant. La chaleur revient avec la reprise du thème par le violon solo. Le retour du thème principal donne lieu à un ardent crescendo du courant sonore. Un thème nouveau dérivé du premier, amène alors la reprise. Déjà ce mouvement renseigne sur la conception fondamentale du compositeur: triomphe sur les états d'âme passifs, renforcement des images lyriques - cette transformation, cette „métamorphose thématique“ va plus tard prendre la place des anciens dualismes et conflits des thèmes.

L'Allegro dramatico (à 3/4, en mi mineur) qui suit déchaîne orages et violences. Également représentatif de tous les thèmes „volontaires“ de Scriabine est le thème principal chargé d'énergie,formellement ascendant. Il faut remarquer la diversité des figures rhythmiques rien qu'en l’espace de deux mesures. Le contraste voulu est fourni par le motif accessoire d'abord entonné par la clarinette (dolce), dont les progressions par demi-tons donnent à son lyrisme fondamental une nuance de langueur - une tendre nostalgie, des matériaux expansifs qui demandent à être libérés.

Il ne faut donc pas s'étonner que le développement hautement dramatique dérive moins du thème principal apparemment prédestiné à cela que du motif subsidiaire renforcé et puissamment décidé. Le point culminant, magistralement amené, consiste en un fortissimo des trompettes et des cordes et augmente (3/2 à 3/4) le thème naguère si languissant, et à présent ouvertement insistant; là-dessus les cors (également en augmentation) «pavillon en l'air» font sonner le thème principal, immédiatement avant la reprise. Il faut remarquer certains points de contact avec d'autres symphonistes: si le thème capital dans sa démesure évoque celui du héros dans le „Don Juan“ de Strauss,dans les passages du climax, surtout dans l’intervention presque brutale des cuivres, sont perceptibles des analogies avec Tchaïkovsky et Liadov (notamment „De l'Apocalypse“).

Suit un troisième mouvement d'atmosphère nocturne, introduit par une douce et fon­dan­te cantilène à la clarinette, de structure chromatique; un motif subsidiaire en mi­neur gagne progressivement en force et en plénitude.

Un mouvement intermédiaire, quasi-scherzo, est formé par le Vivace dansant (à 9/8, en ut majeur). Avec ces traits poétiques de croches, inspirés du coloris mondain de la valse, et ces figurations capricieuses, débutent ici les thèmes aériens propres à Scria­bine et qui s'épanouiront dans ses oeuvres orchestrales ultérieures.

Rempli d'un pressentiment tragique, le dernier mouvement rapide du cycle, Allegro de sonate régulier, semble chercher son chemin. Il est en rapport évident avec l'Allegro dramatico, si bien qu'on pourrait considérer ces deux mouvements extrêmes comme un prologue et un épilogue. Le thème principal retrouve l'attitude rebelle de son pré­dé­ces­seur du deuxième mouvement. Le tendre thème subsidiaire, soutenu, dolce espressivo, à la clarinette, dans l'esprit des mazurkas scriabiniennes, ne parvient pas à éclairer ce tableau sombre, grondant et résolument belliqueux. Le développement lui donne ce­pen­dant une élasticité rythmique et une importance progressivement accrues, si bien que le thème principal, dominant au début, doit passer à l'arrière-plan.

Le mouvement final représente - à côté d'une romance et plus tard du choeur de vo­ca­li­ses du finale de „Prométhée“ - la seule création vocale du compositeur. Bien des élé­ments ici n'appartiennent pas aux plus heureuses réussites du jeune symphoniste. L'écriture orchestrale reste loin derrière la perfection des autres mouvements, les instruments ne servant principalement qu'à doubler les voix chantantes.

Le texte - un hymne à l'Art, confié à la mezzosoprano et au ténor, ainsi que la fugue suivante sur ces (brèves) paroles: „Gloire à l'art, gloire à jamais“, est d'une faiblesse poétique évidente. Cependant son contenu est riche de possibilités d'ouverture: la di­vi­ni­sation de l'art - l'art en tant que consolation et soutien dans les heures de désarroi, allié dans les combats l'art qui ennoblit les sentiments, qui appelle les hommes à une vie active - l'art en tant que puissance unissant les peuples.

Outre le thème de la fugue, Scriabine n'a introduit dans le finale nulle matière thé­ma­ti­que nouvelle. Pour représenter les deux plans contraires de l'activité et de la passivité, il se contente de réminiscences des deux premiers mouvements de sa symphonie. Ainsi il dresse un arc autour de cette oeuvre inhabituelle, annonciatrice d'une future évo­lu­tion de son style.
[...]"

Les paroles du texte chanté dans ce dernier mouvement:

Dans cette prise de son faite en 1966 pour le label Melodiya, Jewgeni SWETLANOW dirige l'Orchestre symphonique de l'URSS, avec Larissa AWDEJEWA, mezzosoprano, Anton GRIGORJEW, ténor, et les Choeurs académiques a cappella russes, directeur artistique: Alexander JURLOW, dans le dernier mouvement:

   1. Lento                08:01 (-> 08:01)
   2. Allegro dramatico    08:18 (-> 16:19)
   3. Lento                09:42 (-> 26:01)
   4. Vivace               03:21 (-> 29:22)
   5. Allegro              07:02 (-> 36:24)
   6. Andante              12:48 (-> 49:12)

Provenance: Melodiya C 0529 30

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1. Lento


2. Allegro dramatico


3. Lento


4. Vivace


5. Allegro


6. Andante