Richard STRAUSS
Festliches Präludium - Prélude festif
pour grand orchestre et orgue, Op. 61, TrV 229
Edward POWER BIGGS, orgue
Orchestre Philharmonique de New York
Leonard BERNSTEIN
New York, Philharmonic Hall, 2 octobre 1962
Strauss composa son Prélude festif à une époque - qui semble aujourd'hui presque légendaire - de paix, de bien-être et de sécurité apparente: aux derniers jours heureux de la monarchie austro-hongroise, Vienne, qui se considérait peut-être à juste titre comme la capitale du monde musical, inaugurait une nouvelle salle de concert, le «Wiener Konzerthaus». En hommage aux grands maîtres du passé Richard Strauss fut invité à écrire une oeuvre dédicatoire. Strauss, alors dans sa cinquantième année, était au sommet de sa gloire, son amour de Vienne avait été déclaré au monde entier dans son «Rosenkavalier». L'année précédant l'inauguration du Konzerthaus, il avait produit la première version de son «Ariadne auf Naxos». Il composa le Prélude festif alors qu'il était à mi-chemin de son «Alpensinfonie».
Le premier des trois concerts d'inauguration du nouveau Konzerthaus fut donné le 19 octobre 1913 par l'orchestre du Konzertverein sous la direction de Ferdinand Löwe. L'orchestre dut être élargi pour le Prélude festif mais, malgré cela, il ne s'est pas entièrement conformé aux indications de la partition, qui prévoit un piccolo, quatre flûtes, quatre hautbois, un heckelphone, une clarinette en mi bémol, deux clarinettes en ut, deux clarinettes en la, quatre bassons, contrebasson, huit cors, quatre trompettes, plus (au point culminant) six ou, si possible, douze trompettes supplémentaires, quatre trombones, tuba basse, huit timbales (avec deux joueurs), des cymbales, une grosse caisse, quarante violons, vingt-quatre altos, vingt violoncelles et douze contrebasses.
Le son solennel et festif de l'orgue complet ouvre l'oeuvre en un lumineux do majeur. C'est un do majeur, mais avec une saveur caractéristique de Strauss et une couleur d'accords empruntés à d'autres tonalités. L'orchestre entre en scène avec des fanfares de trombones auxquelles le cor fait écho et auxquelles se joignent les trompettes et les bois, avec des fioritures de la section des cordes. La plupart des thèmes de cette courte partition sont, au moins en partie, de caractère fanfare. La section d'ouverture s'éteint lentement pour laisser place à de longs accords pianissimo. Ensuite, la mélodie principale de l'oeuvre entière commence doucement dans les violons: à ce stade, l'orchestre à cordes est entendu seul, ses choeurs étant divisés en sept parties. Strauss manipule les cordes avec une flexibilité consommée, et ses subdivisions des sections des cordes varient, bien que la norme tout au long de cette partition soit cordes à sept parties. Une fois de plus, la richesse et la brillance du son orchestral augmentent, en partie à cause de la masse des instruments, en partie grâce à la virtuosité du compositeur, et, de plus en plus à mesure que l'on se rapproche du point culminant, par une texture de plus en plus contrapuntique. Le point culminant, où la mélodie principale est entonnée par le groupe de trompettes supplémentaires contre un contrepoint d'autres thèmes déjà entendus, est également la conclusion du Prélude du Festival.
Voici donc...
Richard Strauss, Festliches Präludium - Prélude festif - pour grand orchestre et orgue, Op. 61, TrV 229, Edward Power Biggs, Orchestre Philharmonique de New York, Leonard Bernstein, New York, Philharmonic Hall, 2 octobre 1962