En 1965 (je n'ai pas encore pu trouver d'informations plus exactes sur date et lieu d'enregistrement), Edmond de STOUTZ enregistra deux oeuvres pour viole de gambe de Giuseppe TARTINI et de Georg Philipp TELEMANN avec son Orchestre de chambre de Zurich et Eva HEINITZ en soliste. Le tout fut publié sur ce disque Amadeo AVRS 6388:
Eva HEINITZ, un portrait publié dans l'album Delos DELS 15341
«« La viole de gambe appartient au genre d'une famille de cordes qui s'étend jusqu'aux registres de basses et qui se distingue essentiellement de celle des violons. La caisse de résonance, avec des découpes latérales semi-circulaires, s'effile vers le manche et est plus étroite dans sa partie supérieure que dans sa partie inférieure. Les ouïes ont la forme d'un croissant.
Les instruments de la famille des violes sont généralement tendus à six cordes. Le chevalet assez peu bombé facilite le jeu des accords. Les deux principaux types de cette famille sont la „viola da braccio“ (viole de bras, alto) et la „viola da gamba“ - violon de gambe, qui se tient entre les genoux et dont le type le plus important correspond à peu près au violoncelle - qui supplantera plus tard la viole de gambe - en termes de taille et de tessiture. La viole de gambe connut un âge d'or en raison de sa grande tessiture et fut appréciée en tant qu'instrument sur lequel l'art de l'improvisation sur une basse ostinato se développait.
L'importance de Giuseppe TARTINI se situe dans le domaine du violon. Il parvint à la plus haute estime grâce à son jeu de violon d'une technique frappante et d'une beauté de son extraordinaire, ainsi que d'une grande pureté, non encore surchargée de formules virtuoses. En 1728, il fonda une académie de musique à Padoue et accueillit un grand nombre d'élèves qui répandirent sa renommée dans le monde entier. Tartini devint un modèle pour le jeu moderne du violon grâce à son maniement de l'archet. Ses compositions sont originales d'un point de vue formel, mélodique et harmonique. Après Corelli et Vivaldi, son oeuvre constitue un autre sommet de la musique instrumentale italienne. Les oeuvres de Tartini dans lesquelles l'abandon des genres musicaux et des modèles formels baroques en faveur d'un langage musical raffiné, sensible et préclassique est évident sont importantes. Tartini atteint parfois les niveaux d'expression du premier romantisme. Le présent concerto correspond dans sa conception aux types musicaux baroques et rappelle en périphérie la „Sonata da chiesa“ par la succession de mouvements lent-rapide-lent-rapide.
La suite en sept mouvements de Georg Philipp TELEMANN suit le modèle français des suites baroques, elle ne se rattache donc pas à la suite de variations cultivée principalement dans le sud de l'Allemagne. Le premier mouvement, plus long et d'une grande importance technique (il est basé sur le plan formel d'une ouverture française), est accompagné d'une pièce de caractère illustrative et de cinq mouvements de danse très stylisés. »»
Sur le Concerto pour viole de gambe et orchestre à cordes en ré majeur, GT 1.D34, de Giuseppe TARTINI, quelques précisions citées du texte publié en 1999 dans le livret du CD Dynamic CDS 285, dans une traduction de Cécile VIARS:
C'"[...] est le seul concerto de Tartini qui présente une structure en quatre mouvements, relativement plus archaïque que celle en trois temps codifiée par Albinoni, Vivaldi et les autres musiciens vénitiens de son temps, qu’il avait systématiquement adoptée dans tous ses concertos pour violon. Tout ceci, uni à de plausibles considérations d’ordre stylistique, pourrait faire croire à une oeuvre de jeunesse, mais pourrait être aussi lié aux circonstances particulières de cette composition, sur lesquelles nous ne savons absolument rien. Le Concerto en ré majeur se distingue aussi de tous les autres concertos de Tartini par la présence de deux cors dans l’ensemble orchestral, qui viennent s’ajouter aux instruments à cordes habituels. Pourtant, aucun doute ne plane sur l’authenticité de cette importante composition car elle nous est parvenue sous forme d’un manuscrit autographe du compositeur, aujourd’hui conservé à la bibliothèque de la Gesellschaft der Musikfreunde de Vienne.
Le premier mouvement, Adagio, se présente avec une solennité qui rappelle encore Corelli, tandis que le deuxième mouvement, Allegro, avec son alternance plutôt schématique des soli et des tutti, semble indiquer qu’il s’agit d’une oeuvre de jeunesse. La meilleure page est sans aucun doute le troisième mouvement, un Largo expressif et mélodique. Le Concerto en ré majeur s’achève par un court Presto d’une exubérante virtuosité. [...]"
Giuseppe Tartini, Concerto pour viole de gambe et orchestre à cordes en ré majeur, GT 1.D34, Eva Heinitz, Viole de gambe, Orchestre de Chambre de Zurich, Edmond de Stoutz, 1965