Recto de la pochette du disque DECCA 163.785
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Le premier des 9 poèmes et idylles de ce disque est «Odelette», le quatrième des «Quatre Poèmes», Op. 8, sur un texte d’Henri de Régnier provenant de «Les Jeux rustiques et divins» paru en 1897.
Albert Roussel composa son opus 8 en 1907 à Paris; le manuscrit du premier poème est perdu, on ne connait donc pas la date de sa composition; les trois suivants datent des 4 mai, 19 février et 27 avril 1907 (datés en fin des manuscrits conservés à la Bibliothèque Nationale de France). La première audition fut donnée à Paris, salle Erard, par Jane Bathori, soprano, et le compositeur au piano le 11 janvier 1908 (concert de la Société Nationale).
«Odelette» est dédicacé à Mme Octave Maus, l'épouse d'un avocat, écrivain et critique d'art et de musique belge.
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J’aurais pu dire mon Amour
Tout haut
Dans le grand jour
Ardent et chaud
Du bel été d’or roux qui l’exalte et l’enivre
Et le dresse debout avec un rire
À tout écho!
J’aurais pu dire:
Mon amour est heureux, voyez
Son manteau de pourpre qui traîne
Jusqu’à ses pieds!
Ses mains sont pleines
De roses qu’il effeuille et qui parfument l’air;
Le ciel est clair
Sur sa maison de marbre tiède
Et blanc et veiné comme une chair
Douce aux lèvres...
Mais non,
Je l’ai vêtu de bure et de laine;
Son manteau traîne
Sur ses talons;
Il passe en souriant à peine
Et quand il chante, c’est si bas
Que l’on ne se retourne pas
Pour cueillir sa chanson éclose
Dans le soir qu’elle a parfumé;
Il n’a ni jardin ni maison,
Et il fait semblant d’être pauvre
Pour mieux cacher qu’il est aimé.
«Deux Poèmes de Ronsard», Op. 26, pour voix et flûte
Les deux poèmes «Rossignol, mon mignon» et «Ciel, aer et vens» furent composés à Paris les 3 resp. 14 avril 1924, dédicacés à Ninon Vallin resp. Claire Croiza, et donnés en première audition par les dédicataires et René Le Roy, flûte, à Paris au Théâtre du Vieux-Colombier, le 15 mai 1924 resp. à la salle Érard, le 28 mai 1924.
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Rossignol, mon mignon, qui dans cette saulaie
Vas seul de branche en branche à ton gré voletant,
Et chantes à l’envi de moi qui vais chantant
Celle qu’il faut toujours que dans la bouche j’aie,
Nous soupirons tous deux: ta douce voix s’essaie
De sonner l’amitié d’une qui t’aime tant,
Et moi, triste, je vais la beauté regrettant
Qui m’a fait dans le coeur une si aigre plaie.
Toutefois, Rossignol, nous différons d’un point:
C’est que tu es aimé, et je ne le suis point,
Bien que tous deux ayons les musiques pareilles,
Car tu fléchis t’amie au doux bruit de tes sons,
Mais la mienne, qui prend à dépit mes chansons,
Pour ne les écouter se bouche les oreilles.
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Ciel, air et vents, plains et monts découverts,
Tertres fourchus et forêts verdoyantes,
Rivages tors et sources ondoyantes,
Taillis rasés, et vous bocages verts;
Antres moussus à demi front ouverts,
Prés, boutons, fleurs et herbes rousoyantes,
Coteaux vineux et plages blondoyantes,
Gâtine, Loir, et vous mes trites vers;
Puis qu’au partir, rongé de soin et d’ire,
A ce bel oeil, l’Adieu je n’ai su dire,
Qui près et loin me détient en émoi:
Je vous suppli, ciel, air, vents, monts et plaines,
Taillis, forêts, rivages et fontaines,
Antres, prés, fleurs, dites-le-lui pour moi.
«Deux Poèmes chinois», Op. 35, sur des paroles d’Henri-Pierre Roché
Albert Roussel composa ces deux poèmes à Varengeville, le 25 juin 1927 pour le premier, probablement en mai 1927 pour le second. Henri-Pierre Roché a rédigé les paroles françaises d’après la traduction anglaise de Herbert Allen Giles du poème chinois de Li-Ho, IXe siècle et de Chang-Chi, VIIIe et IXe siècles. Ils sont dédicacés à Pierre Bernac et Marcelle Gérar, et furent donnés en première audition par les dédicataires à Fontainebleau, Conservatoire américain, le 5 juillet 1928 et à Paris, salle des Agriculteurs, le 23 mai 1927, avec Maurice Ravel au piano.
Cliquer pour voir / masquer le texte de «Des fleurs font une broderie»
Des fleurs font une broderie sur le gazon.
J’ai vingt ans, le doux éclat du vin est dans ma tête,
Les glands d’or brillent au mors de mon coursier blanc,
Et la senteur du saule traîne sur le ruisseau.
Tant qu’elle n’a pas souri, ces fleurs sont sans rayons,
Quand ses tresses s’écroulent le paysage est gai;
Ma main est sur sa manche, mes yeux sont sur ses yeux...
Va-t-elle me donner l’épingle de ses cheveux?
Cliquer pour voir / masquer le texte de «Réponse d'une épouse sage»
Connaissant, seigneur, mon état d’épouse,
Tu m’as envoyé deux perles précieuses,
Et moi, comprenant ton amour,
Je les posai froidement sur la soie de ma robe.
Car ma maison est de haut lignage,
Mon époux capitaine de la garde du Roi,
Et un homme comme toi devrait dire:
«Les liens de l’épouse ne se défont pas.»
Avec les deux perles, je te renvoie deux larmes,
Deux larmes, pour ne pas t’avoir connu plus tôt.
«Deux Idylles», Op. 44, Idylle de Théocrite, no XIX, et Idylle de Moskhos, no VI, traduction de Leconte de Lisle
Composées à Paris les 5 mai et 16 octobre 1931, ces deux Idylles sont dédicacées à Régine de Lormoy et Yvonne Brothier. Une première audition privée fut donnée à la tour Eiffel, 56e concert de l’Européen, Festival Albert Roussel, le 19 mai 1931, par
Régine de Lormoy et Albert Roussel. La première audition publique date du 5 mars 1932 à Paris, salle de l’ancien Conservatoire, Société Nationale, par Régine de Lormoy et Arthur Hoérée.
Cliquer pour voir / masquer le texte de «Le kerioklepte»
Une cruelle abeille piqua une fois Erôs qui volait le rayon de miel d’une ruche et elle le piqua au bout des doigts.
Erôs souffrit, et il souffla sur ses doigts, frappa du pied, sauta, et montrant à Aphrodita sa blessure, se plaignit que l’abeille, une si petite bête, fit de telles blessures. Et la mère rit: «N’es-tu pas semblable aux abeilles? Tu es petit, mais
quelles profondes blessures ne fais-tu pas?»
Cliquer pour voir / masquer le texte de «Pan aimait Ekho»
Pan aimait Ekhô, sa voisine; Ekhô brûlait pour un satyre bondissant, et le satyre dépérissait pour Lyda. Autant Ekhô aimait le satyre, autant le satyre aimait Lyda, autant Lyda aimait Pan. Ainsi Erôs les enflammait. Autant chacun d’eux aimait celui qui le haïssait, autant chacun haïssait celui qui l’aimait.
Et j’enseignerai ceci à ceux qui sont étrangers à Erôs: Aimez ceux qui aiment, afin d’être aimés par eux.
«Deux Poemes chinois», Op. 47, paroles d’Henri-Pierre Roché d’après la traduction anglaise de Herbert Allen Giles de poèmes de Li-I et de Huang Fu-Ian.
Ces deux poèmes datent probablement de septembre 1932, composés à Varengeville. Ils sont dédicacés à Mme Bourdette-Vial et à Mme Vera Janacopoulos. La première auditon fut donnée à Paris, Le Triton, le 4 mai 1934, par Mme Bourdette-Vial et Mlle Yvonne Gouverné au piano.
Cliquer pour voir / masquer le texte de «Favorite abandonnée»
Sous la lune le palais résonne
Des sons des luths et des chansons.
Il me semble que l’on a rempli
La clepsydre de la mer entière
Pour faire que cette longue nuit
Ne finisse jamais pour moi.
Cliquer pour voir / masquer le texte de «Vois! De belles filles courent en bande»
Vois! De belles filles courent en bandes
Dans les larges couloirs,
Avec la musique et la gaieté portées sur la brise.
Viens! Dis-moi si celle qui, cette nuit, sera choisie
Peut avoir des cils beaucoup plus longs que ceux-ci?
Étiquette du disque DECCA 163.785
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Sur la première face de ce disque, Flore WEND est accompagnée par Christian LARDÉ - dans les deux poèmes de Ronsard, Op. 26, et par Christiane VERZIEUX dans les autres oeuvres. Christiane VERZIEUX, «premier prix du Conservatoire de Paris et soliste des Concerts Lamoureux», apparaît assez souvent sur divers disques dès la fin des années 1940, mais je n'ai pas encore pu trouver des informations concrètes sur cette pianiste: si une personne visitant cette page a des données biographiques -> couriel.
Voici donc...
Albert Roussel, 9 poèmes et idylles, Flore Wend, Christian Lardé, flûte, Christiane Verzieux, piano, 1958
No. 4 des «Quatre Poèmes», Op. 8
1. «Odelette» 03:40
«Deux Poèmes de Ronsard», Op. 26, pour voix et flûte
2. «Rossignol, mon mignon» 03:49
3. «Ciel, aer et vens» 03:04
«Deux Poèmes chinois», Op. 35
4. «Des fleurs font une broderie» 01:44
5. «Réponse d'une épouse sage» 02:47
«Deux Idylles», Op. 44
6. «Le kerioklepte» 01:33
7. «Pan aimait Ekho» 01:44
«Deux Poemes chinois», Op. 47
8. «Favorite abandonnée» 01:13
9. «Vois! De belles filles courent en bande» 01:23
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