Kurt WEILL
Symphonie No 2
Orchestre de Chambre de Saint Paul
Andreas DELFS
La production purement instrumentale et orchestrale de Kurt Weill fut - et est encore - très éclipsée: entre 1918 et 1934, il composa un poème symphonique, trois symphonies et une variété d’autres oeuvres orchestrales (dont la Suite en mi et le Quodlibet de 1923), plus des concertos, une sonate pour violoncelle et un quatuor à cordes.
Cité des notes de Guy Rickards, traduction de Marianne Fernée, publiées dans le livret du CD EMI Classics 7243 5 65869 2 5:
Bien que sa Première Symphonie fût écrite en 1921, peu après qu’il se fût inscrit aux cours de maître que Ferrucio Busoni donnait à l’Académie de l’Etat prussien à Berlin, ce fut plutôt l’exemple d’Arnold Schoenberg, surtout celui de sa Première Symphonie de chambre (1906), qui se montra plus puissant. La symphonie de Weill est formée d’un seul mouvement se divisant en trois larges sections, un allegro vivace, un andante religioso qui n’est pas particulièrement religieux et, pour conclure, une fantaisie chorale qui gravite autour de l’énorme marche harmonique du début, ne s’en écartant que pour y revenir.
L’élan qui mit en branle l’écriture […] de la Deuxième Symphonie provint d’une commande faite par le célèbre mécène des compositeurs du vingtième siècle qu’était la princesse Edmond de Polignac. Elle fut ébauchée en 1933, lors de la prise de pouvoir des nazis, mais Weill la termina durant son exil en France, première étape sur la route qui le conduisit à Broadway La Deuxième Symphonie- qui fut désignée par Weill comme étant le No 1, du fait que celle qui l’avait précédée n’avait toujours pas été interprétée - est une affaire bien différente de la Première, elle est dotée d’un langage bien moins excessif et on ne lui connaît pas de connotations sortant du domaine musical, bien que sa présentation en trois mouvements rappelle la structure trouvée à la fois dans la No 1 et dans la Sinfonia Sacra (1922).
On n’y trouve que peu de traces de l’esthétique de Schoenberg, particulièrement dans la structure tonale apparemment affirmée qui se trouve établie autour du ré mineur. Cependant la vision que Weill donne de la forme sonate dans le premier mouvement à l’air décidé ne paraît pas le moins du monde traditionnelle, de plus ce mouvement et le largo central sont imprégnés des ténèbres qui envahirent subrepticement l’Europe après qu’Hitler se fût approprié le pouvoir en Allemagne. L’exubérance du finale sonne creux dans le contexte plus large de l’oeuvre vue dans son ensemble, son entrain prenant un air de gaîté forcée voulant ignorer la réalité. Il se peut que les messages contradictoires émis par la symphonie expliquent la réaction presque universellement hostile de la critique lors des deux premières interprétations données à Amsterdam et à New York, en octobre et décembre 1934.
Une courte description citée des notes traduites pour Decca par Brigitte Pinaud, publiées dans le livret du CD London Enterprise 414 660 1:
Après son prélude tendu et nerveux , le premier mouvement prend la forme d'une sonate-allegro mue par un impétueux moto perpetuo; son argument tonal est développé de plusieurs façons inattendues et sa logique reste implacable.
Le second mouvement est une marche funèbre courroucée , riche en thèmes envoûtants dont les unités insistantes de huit mesures s'amoncellent régulièrement jusqu'à former un édifice d'une puissance tragique.
Le sujet principal du finale en rondo est éphémère, très agité et emporté; son premier épisode est un air provocateur du type de ceux que l'on trouve dans L'Opéra de quat'sous et le second une marche arrogante et cauchemardesque pour instruments à vent. La coda en forme de saltarelle tourbillonnante transforme enfin le motif principal de la marche funèbre en une explosion de vivacité qui n'oblitère pourtant pas tout à fait le souvenir de la menace et de la douleur.
Je ne peux toutefois vous proposer l'interprétation de Andreas DELFS dirigeant l'Orchestre de Chambre de Saint Paul qu'en écoute - par l'intermédiaire d'un iframe embarqué du splendide site archive.org, plus exactement de cette page - l'enregistrement ne tombant dans le domaine publique que vers 2055 (il doit dater de la période 2001-2004, alors qu'Andreas Delfs en était le chef titulaire).
1. Sostenuto. Allegro Molto -> 10:07
2. Largo -> 20:57
3. Allegro Vivace -> 28:14
1.
2.
3.
Provenance: Radiodiffusion, cette page du site archive.org.